Broadcastability

Une Conversation avec Laurent Colart: Enseigner l’inclusion pour construire un monde accessible

March 15, 2024 Season 2 Episode 4
Broadcastability
Une Conversation avec Laurent Colart: Enseigner l’inclusion pour construire un monde accessible
Show Notes Transcript

Dans cet quatrième épisode de la deuxième saison de Broadcastability, les animatrices Chloë et Isabelle échangent avec Laurent Colart, un enseignant de cours pratique pour les conducteurs d’engins de chantier. Laurent habite en Wallonie en Belgique et il a la sclérose en plaques. Durant cet épisode, Laurent raconte sa transition entre entrepreneur et enseignant, ses expériences en tant que personne handicappé que fait travail avec les grosses machines, et ses strategems pour enseigner non seulement le terrassement, mais aussi l’inclusion et l’accessibilité. 

 Vous pouvez trouver une transcription de l’épisode accessible aux lecteurs d’écran ICI
Vous pouvez aussi trouver une version vidéo de l'épisode avec sous-titres ICI 

Générique de l'épisode: 

Animatrices: Chloë Atkins et Isabelle Avakumovic-Pointon 

Réalisatrices: Chloë Atkins et Isabelle Avakumovic-Pointon 

Monteuse:   Isabelle Avakumovic-Pointon 

Art de Couverture: Isabelle Avakumovic-Pointon 

Transcription: Isabelle Avakumovic-Pointon 

Musique: Justin Laurie 

 

Reconnaissance du financement: 

Nous remercions Scarborough College à l’Université de Toronto et nos partenaires communautaires, la station radio Indie 88, l’association Disability Rights UK, et le projet de recherche SORD à l’Université de Manchester, pour leur aide. Nous tenons également à remercier nos partenaires financiers : le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et TechNation. 

00:00:03:13 - 00:00:26:05

Laurent

Certaines personnes me disent... ils disent, “Oui, bon, au fond, tu serais plus tranquille dans un bureau, voilà, faire des tâches, mais... Voilà, un, c'est pas du tout mon état d'esprit et c'est pour moi plus compliqué de travailler dans le bureau que que d'être sur le terrain avec mes élèves et dans la machine.

 

00:00:26:06 - 00:00:54:14

Chloë

Bienvenue à Broadcastability, un podcast pour, par, et à propos des personnes en situation de handicap dans le milieu professionnel. Ce podcast fait partie du Projet PROUD à l'Université de Toronto. Pour plus d'informations, veuillez consulter notre site web fr.theproudproject.ca

 

00:00:54:15 - 00:01:24:14

Isabelle

Le projet PROUD est basé à l'Université de Toronto, sur les territoires traditionnels et ancestraux des Hurons-Wendat, des Sénèque et des Mississauga de la rivière Crédit. Nous aimerions également reconnaître les autres terres autochtones de l'île de la Tortue où nous menons nos recherches et enregistrons ce podcast dont les territoires traditionnels, ancestraux et non cédés des Premières Nations Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh.

 

00:01:24:15 - 00:01:51:12

Chloë

Bonjour, je m'appelle Chloë Atkins. Je suis la chercheuse principale du projet PROUD. Je suis professeur de science politique à l'Université de Toronto et je recherche les enjeux du handicap. J'ai une maladie épisodique qui fait que j'ai beaucoup d'expérience personnelle avec l'emploi et le handicap.

 

00:01:51:13 - 00:02:22:05

Isabelle

Bonjour, je m'appelle Isabelle Avakumovic-Pointon et je suis l'assistante de recherche pour le projet PROUD. Je suis étudiante en doctorat à l'université de la Colombie-Britannique et je recherche l'histoire des personnes en situation de handicap. Du côté personnel, j'ai moi-même des handicaps invisibles. Alors notre invité aujourd'hui est Laurent Colart, un professeur de cours pratique pour les conducteurs d'engins de chantier qui habite en Wallonie, en Belgique.

 

00:02:22:07 - 00:02:37:09

Chloë

Oui, Laurent est un homme qui ne cesse pas de trouver des solutions créatives pour surmonter les obstacles. Cela lui permet de continuer de travailler sur le terrain avec ses étudiants, malgré son handicap physique.

 

00:02:37:10 - 00:02:57:10

Laurent

Voilà, donc je m'appelle Laurent, j'ai 57 ans, je suis conducteur d'engins de chantier de formation. Alors bien voilà, je suis atteint d’un sclérose en plaque depuis l'âge de 36 ans et j'avais... donc c’est en 2002. J'habite en Belgique, dans la région du Hainaut, donc en Wallonie francophone.

 

00:02:57:12 - 00:03:04:15

Isabelle

Pourriez-vous nous décrire un peu votre parcours professionnel ? Comment ça s'est passé pour vous ?

 

00:03:05:00 - 00:03:06:06

Laurent

Depuis le début ?

 

00:03:06:07 - 00:03:07:03

Isabelle

Depuis le début.

 

00:03:07:06 - 00:03:19:05

Chloë

Oui, l'école et après. Ou un peu de ta famille, votre famille. Parce-ce que peut-être il y a une influence de vos parents ou vos frères ou sœurs ?

 

00:03:19:06 - 00:03:49:00

Laurent

Je suis l'aîné d'une fratrie de trois, de trois fils. Donc on a eu une belle enfance. Mon père était entrepreneur, donc, voilà. J'ai été à l'école jusqu'à l'âge de seize ans. Tout se passait bien. A l'âge de seize ans, j'ai voulu, étant donné que je conduisais déjà les engins de terrassement, j'ai voulu devenir ouvrier, donc mon père m'a embauché directement parce que j'étais déjà, on va dire, compétent à l’époque, je connaissais déjà le métier.

 

00:03:49:02 - 00:04:20:07

Laurent

Et voilà. Donc j’étais ouvrier. Ensuite, je suis devenu entrepreneur, donc indépendant, dans le terrassement, bien entendu. Et ensuite, après une vingtaine d'années à mon compte, là je suis passé enseignement. Donc je suis devenu professeur de cours pratique pour les conducteurs d'engins de chantier. Et donc ça a commencé en 2009 et je suis depuis 2009 toujours dans le métier.

 

00:04:20:08 - 00:04:42:13

Chloë

Pourriez-vous parler ou partager l'expérience d'avoir des emplois quand vous étiez “normal” ou valide? Et après. Est-ce-qu'il y a une difference entre l'ambiance, les conditions, le contexte entre les deux états pour vous?

 

00:04:42:14 - 00:05:11:11

Laurent

Donc, étant donné que j'étais indépendant, ben, ça a toujours... ça c'est toujours très bien passé. J’ai toujours fait ce que j'ai voulu. Je travaillais, voilà, on va dire normalement beaucoup. Puis en 2002, une fois que j'ai eu un sclérose en plaques, j'ai pu continuer à travailler aussi comme j'étais encore indépendant. Ça a duré quelques années et là, j'ai pu, j'ai pu entrer à l'école vraiment par hasard.

 

00:05:11:12 - 00:05:38:09

Laurent

Donc là, pareil, je suis arrivé ben, je suis dans la soupe. J'ai intégré l'école de manière tout à fait normale. On voyait rien de particulier par rapport à mon état de santé. Bon, au fil des ans, j'ai commencé à boiter un peu, eh ma jambe droite, là je suis un petit peu... Oui, je boitais donc certains collègues me disaient “Ah Laurent, tu n'es pas bien?”

 

00:05:38:11 - 00:06:09:04

Laurent

Je dis “Oui ça va, non pas de souci, c’est un petit problème de chevilles,” mais sans plus. Bon oui, au fil du temps, ça s'est un peu énervé. Et là, j'ai des collègues avec qui je pouvais parler franchement. J'avais la sclérose en plaques et ainsi de suite. Comme ma direction, mon chef d'atelier, le chef de travaux, il y a jamais eu de soucis. Une, une, une ou deux personnes au sein de l'école qui étaient un petit peu, bon, réticents et disaient que j'étais un peu bête de continuer à vouloir travailler en ayant des problèmes. Mais bon,

 

00:06:09:04 - 00:06:38:02

Laurent

je n'ai jamais, je n'ai jamais réagi à leurs dires. Et j'ai continué à travailler. Ça se passe bien et voilà. Donc, entre l'avant et l'après, il n’y a pas... C’est plutôt, à partir de 2002, la progression qui a fait que, pour certains, il n’y a pas de souci, je peux continuer à travailler. Mais pour certains, il faudrait bien que j'arrête.

 

00:06:38:05 - 00:06:40:09

Laurent

Mais c'est pas mon but du tout.

 

00:06:40:10 - 00:06:47:03

Isabelle

Oui et pour vous, c'était plutôt une évolution qu'une révolution ? On peut dire.

 

00:06:47:04 - 00:07:12:03

Laurent

Oui, c’est ça. Disons que c'est une évolution à mon avis normal. J'ai pas de gros gros problèmes en soi, mais la neurologue, il m’a dit, bon vous vieillissez, les plaques au cerveau vieillissent aussi et du coup voilà, ça se remarque plus. Je n'ai pas fait de poussées depuis au moins dix ans et voilà.

 

00:07:12:04 - 00:07:30:12

Isabelle

Oui. Alors vous avez dit que la première personne ou les premières personnes que vous avez... avec qui vous avez parlé de votre handicap, c'était votre direction? C’est ça? Ou votre...

 

00:07:30:12 - 00:07:36:03

Laurent

Non, dans un premier temps, vraiment des collègues de travail.

 

00:07:36:04 - 00:07:38:07

Isabelle

De collègues.

 

00:07:38:08 - 00:08:02:01

Laurent

Et qui, me connaissant, ils l'ont bien pris. Ou parfois il y a des gens qui... s'étonnent beaucoup. Je ne sais pas. Ils pensent qu'on va mourir de la sclérose en plaques. Et je leur dit non, je l’explique. Bon, il y a peut-être des cas plus compliqués que d'autres, comme on dit sur Belgique, c’est la maladie aux mille et un visages.

 

00:08:02:01 - 00:08:27:08

Laurent

Je ne sais pas si on dit pareil chez vous. Voilà. Et donc disons que j'ai toujours indirectement rassuré les gens. C’est vrai que, à l'époque, je ne savais pas c’était quoi la sclérose en plaques. Quand la neurologue m'en a parlé. C'est comme si il m’avait annoncé que j'avais une grippe. C'est... fin, je veux dire, ça ne m’a pas plus touché que ça. Et vu que j’avais rien de spéciale,

 

00:08:27:09 - 00:08:48:03

Laurent

Sur le coup, je me suis pas imaginer à quel point ça pouvait, ou pour certains ou pas, mais être grave ou dur, vivre et ainsi de suite. Et voila, ben, au fil du temps on s’y fait et il n’y a pas... Bah, dans mon cas j'ai... ça va. Même psychologiquement, j'ai toujours bien accepté la maladie, je suis très très bien entourée par ma famille.

 

00:08:48:04 - 00:09:02:05

Laurent

Ça c’est quelque chose de très important parce que j'ai malheureusement des connaissances qui sont complètement laissées pour compte ou abandonnées. Voilà. Et donc je veux dire qu'il faut un bon entourage.

 

00:09:02:05 - 00:09:03:12

Laurent

Il faut...

 

00:09:03:13 - 00:09:25:12

Laurent

Il faut y croire, il faut... Voilà, il ne faut pas laisser tomber les bras, bien entendu. Il faut se battre, c’est un fait, eh ? Il faut vivre ça au jour le jour, minute par minute, parce qu'on peut être bien maintenant, dans une demi heure on est moins bien ou l'inverse ou dans quelques heures. Ou on se lève pas bien, on est bien l'après-midi, ou l'inverse.

 

00:09:25:13 - 00:09:28:01

Laurent

Voilà c’est ce que je peux dire pour l'instant.

 

00:09:28:01 - 00:09:50:11

Isabelle

Comme votre maladie a évolué, est-ce que votre manière de travailler a changé? Ou est-ce que vous avez reçu des aides, des supports, des adaptations au travail pour vous aider à continuer dans votre travail?

 

00:09:50:12 - 00:10:18:09

Laurent

C’est ça. En fait, quand en effet, la maladie a évolué, là j'ai commencé... En tout cas, les jours où... Je travaille un jour sur deux. Donc le mardi et le jeudi, je suis en congé et je profite de ces jours là. De plus en plus, ça a été l'obligation de me reposer, de faire le minimum. J’allais faire ma kiné, ainsi de suite.

 

00:10:18:10 - 00:10:39:04

Laurent

Ou les examens médicaux, quels qu'ils soient. Mais pour le reste du temps, je me reposais pour être en forme le lendemain. Parce que c'était, on va dire, nécessaire pour être top au boulot, pour être top avec mes étudiants.

 

00:10:39:05 - 00:10:49:14

Isabelle

Et juste pour intervenir - est ce que c'était déjà le système quand vous êtes arrivé au début de votre travail avec l'école ?

 

00:10:49:15 - 00:11:20:03

Laurent

Oui, c'est le système de congé, c'est ça ? Oui, en fait, c'était un peu différent, mais c'est vraiment le hasard. Là, c'était deux jours de travail complets et deux demi-jours. Mais puis on eu un changement de direction. Bon le directeur, je lui ai parlé tout de suite que j'avais de problèmes en guillmets, que j’avais le sclérose en plaques, et là, directement lui, il a envisagé de faire un jour sur trois, un jour sur deux. Et il m’a dit, “Écoutez, c'est bon pour vous

 

00:11:20:04 - 00:11:38:05

Laurent

et en même temps pour mes étudiants, je ne veux pas qu'ils fassent deux demi-jours. Je préfère qu'ils fassent une journée complète parce que le temps de nettoyer les machines, de les mettre en route le matin, ainsi de suite c'est de perdre de temps. Autant faire une longue journée qu'une courte journée.” Et moi, ça m'a bien... c'était bien pour moi et pour tout le monde.

 

00:11:38:07 - 00:11:41:03

Laurent

Mais, le directeur a fait que.

 

00:11:41:04 - 00:11:54:10

Chloë

Est ce qu'il y a un médecin de travail qui a fait du conseil à vous ou à votre école pendant ce temps, cette époque ? Ou non?

 

00:11:54:12 - 00:12:29:13

Laurent

Non. Je n'ai jamais eu de rendez vous particulier. J'allais passer mes visites médicales comme tout le monde, visites de postes de sécurité. Puisque les professeurs de cours pratiques, c’est des postes de sécurité, en plus dans mon cas. Et on n'a jamais eu de souci du tout. Voilà. Et alors, en 2021. En 2021, là par contre, j'ai envisagé de, moi-même de... pour me soulager et pour économiser mon corps, pour être en forme àpres pour la famille, pour les loisirs et ainsi de suite,

 

00:12:29:15 - 00:13:00:13

Laurent

je me suis dit, “Bon, Laurent là, tu dois trouver quelque chose pour t'aider.” Et j'ai envisagé une chaise électrique, mais sur chenille. Comme ça, ben plutôt que de marcher dans la boue ou dans les cailloux et ainsi de suite - parce que, voilà, en Belgique il pleut souvent à ce moment là. Voilà, je suis sans fatigue de mon corps. Par rapport à mon sclérose en plaques, il y a fatigue et fatigue. Et donc voilà.

 

00:13:00:14 - 00:13:21:13

Laurent

J'ai eu ça comme idée. J'ai fait des essais, déjà en 2019 je pense. Il y a un monsieur qui étaient venu avec du matériel de professionnel. J'ai essayé sur le terrain pendant 3 h. C'était, c'était la solution. Et au fil du temps, j'ai dit, “Bon voilà, maintenant, j'en ai besoin.” Et là, du coup, les mentalités ont un peu changé

 

00:13:21:13 - 00:13:39:10

Laurent

avec mon employeur. Il s'est dit, “Ah, il en a besoin, donc il est peut-être plus capable de travailler.” Et là, là par contre, je dois encore à l'heure actuelle me battre. Le dossier est en route, mais je vais dire, ils ont le temps. Ce n'est pas du tout coutumier de...

 

00:13:39:11 - 00:14:12:03

Laurent

En plus, dans mon métier, le métier d'enseignant, voilà. Et pour les cours pratiques de conducteur d'engins de chantier, il n'y a que quatre sections en Wallonie, quatre écoles donc c'est vraiment pas courant. Donc je peux comprendre que les aménagements de postes de travail sont compliqués, même si ici, vous avez l’AVIQ. Donc c’est en Belgique, une agence de qualité de la vie qui est tout à fait d'accord pour, on va dire, payer ces aménagements,

 

00:14:12:04 - 00:14:34:05

Laurent

en tout cas. Mais il faut que tout le monde se... tout se goupille bien. Donc je suis toujours en attente, mais normalement ça devrait aller. Donc actuellement, du coup, je n’avais pas recouru à la médecine du travail, mais maintenant je l'ai... j'ai eu la visite, j'ai été présenté et donc du coup, en attendant ces aménagements, je suis... je fais le travail administratif.

 

00:14:34:06 - 00:15:05:06

Laurent

Donc au sein de l'école on me donne des tâches. Voilà, voilà, voilà. C’est le seul contact que j'ai eu avec la médecine de travail. Voilà. C’est pas du tout... je pense qu'en temps normal, la mentalité... parce que maintenant je connais bien entendu beaucoup de gens qui sont dans mon cas. Et la mentalité c'est de faire arrêter les gens. On va plus facile de de dire, “Bon, allez, c'est tout.” Et les gens sont d'accord.

 

00:15:05:06 - 00:15:32:04

Laurent

Et, sur le coup en tout cas, ils disent “Ben oui, je ne suis pas bien. Il faut que je trouve des solutions.” Mail ils pensent pas à aménagements. Moi, c'est ce que j'ai pensé tout de suite. J’ai dit, “Il faut que je trouve la solution.” Et comme il y a des aménagements... C’est vrai que, les aménagements, et je veux dire officiels, de l’AVIQ, j'étais pas trop au courant, je me suis pas trop renseigné, j'ai essayé, j'ai essayé de ménager pour moi directement, en gros.

 

00:15:32:05 - 00:15:43:00

Laurent

Mais après j'ai appris que l’AVIQ pouvait intervenir, mais c’est directement avec l'employeur et non avec le malade, on va dire.

 

00:15:43:01 - 00:15:54:14

Isabelle

Et et juste pour aller un peu plus vers l'attitude. Vous avez dit que vous avez beaucoup de connaissances qui ont aussi la sclérose en plaques. Comment est-ce que vous avez rencontré ces gens là ?

 

00:15:54:15 - 00:16:20:02

Laurent

Bon, il y a des gens... Bon bien sûr vous avez la Ligue belge de la sclérose en plaques, hein ? Il y a dans chaque province un comité provincial et en général dans chaque province comme ça, il y a aussi des... les plus grosses villes où il y a des petits, on va dire associations, voilà, des petits clubs et ainsi de suite. Et donc moi je fais parti ici à Mons du groupe Delta, pour le nommer.

 

00:16:20:03 - 00:16:44:08

Laurent

Et là, bien sûr, nous sommes environ une trentaine de membres. On se réunit, on fait de temps en temps des petites activités et ainsi de suite. Et bon pareil, il y a des gens dans tous les états physiques: des gens, ça ne se voit pas et il y en a ils sont vraiment en chaise. Moi, c'est entre les deux, je suis avec ma canne. Mais disons qu'il y a...

 

00:16:44:09 - 00:17:08:07

Laurent

La plupart ne travaillent plus, déjà. La moyenne d'âge, j'ai envie de dire, c’est 40 ans. Ouais, plus ou moins. Il y a un des monsieurs qui est en fauteuil. Il a fini sa carrière d'enseignant. Je pense qu'il était professeur de cours de math, mais il avait sa chaise, on a tout adapté à l'époque, il était jusqu'à l'âge de la pension. Mais par contre, il y a beaucoup de plus jeunes, même enseignants,

 

00:17:08:08 - 00:17:32:08

Laurent

on leur a dit, “Bon stop, c'est fini.” Ben, ils n’ont pas cherché, ils ont arrêté, quoi. Maintenant ils le regrettent. Quand ils voient, et je vais dire mon combat, pour, pour vouloir rester, parce que je veux rester dans ma fonction. Et bien, ils me disent, “Ah c'est bien, j'aurais dû, j'aurais dû faire comme ça.” Et en fait, ils n'ont pas eu les renseignements, ils n'ont pas têtu la volonté, j’en sais rien.

 

00:17:32:08 - 00:17:53:05

Laurent

Moi, je suis un mec, sans me vanter, je suis un battant, enfin. Ça veut dire que que je veux continuer. Entre guillemets, il y a que ça que je sais faire. Et voilà, il n’y a plus que ça. que je sais faire. C'est vrai que, si j'étais conducteur d'engins encore indépendant ou dans une entreprise, travailler tous les jours de 7 h du matin à 17 h serait plus possible.

 

00:17:53:05 - 00:18:20:12

Laurent

Ça, je le sais. Mais, en tant que professeur, enseignant, voilà, il n'y a pas de souci. Et... voilà... Maintenant, voyez, donc je vous dis, voilà pour comment je connais des gens. Ou alors, quand je suis en revalidation, je vais, tous les ans je vais trois semaines, fin, depuis 2017. Je vais trois semaines faire une petite cure de tonus. Voilà. Excusez-moi, je vous ai coupé la parole.

 

00:18:20:14 - 00:18:32:00

Chloë

Non, non, non, non, non. Pourquoi, vous pensez, que les autres ne travaillent pas? Et quelle est les racines de...

 

00:18:32:01 - 00:19:03:08

Laurent

Disons qu'il y a, sans les critiquer, il y a plusieurs cas. Il y a des gens qui se disent, “Bon, au fond, je suis chez moi tranquille, je suis payé.” En gros ,pour être plat. Il y a des gens que, je vous ai dit, qui ne savaient pas qu'ils auraient pu essayer de... Il y a une dame. Elle a essayé avec son école puisqu'elle est enseignante aussi d'avoir par exemple des rideaux quand le soleil donnait sur les vitres.

 

00:19:03:09 - 00:19:26:10

Laurent

Et donc elle avait demandé à la direction pour avoir des rideaux. Elle n'en a pas eu. Ça a trainé, on leur a toujours dit que oui, et pour finir, il y avait jamais le budget. Parce que toujours le problème, c'est le budget. Et donc voilà. Et après elle s'est, entre guillemets, dégoûtée. Elle a dit, “Bon, stop, j'arrête !” Et voilà. Il y a beaucoup de cas différents, beaucoup de cas différents.

 

00:19:26:10 - 00:19:51:09

Laurent

J'ai pas d'autres en tête comme ça, mais... Fin, en gros c’est ça, on leur a dit. Ils sont passés chez le médecin du travail, le médecin du travail leur a dit, “Non, écoutez, c'est quand même grave, vous devez pensez à vous.” “Oh, oui, cohérent, ok d’accord.” Mais maintenant il y en a beaucoup qui regrettent. Parce que ils ont 30, 35, 36, 40 ans, ils sont chez eux du matin au soir et rien de bien.

 

00:19:51:11 - 00:19:56:05

Laurent

Voilà, il y a plus rien de...

 

00:19:56:06 - 00:19:57:07

Chloë

C'est difficile.

 

00:19:57:09 - 00:19:58:14

Laurent

C'est pas facile et ainsi de suite. Voilà.

 

00:19:58:15 - 00:20:12:11

Isabelle

Oui. Et je voulais... C'est intéressant que vous avez dit que c'est souvent le parole du médecin de travail qui décide

 

00:20:12:12 - 00:20:13:04

Laurent

Oui.

 

00:20:13:05 - 00:20:32:03

Isabelle

Au lieu de l'expérience de la personne. Est-ce que vous avez eu des moments où... ben, si vous ne voulez pas partager ça va, mais où quelqu'un vous vous avez dit, “Ah, c'est pas possible pour vous,” mais c'était possible pour vous et que vous le sachiez.

 

00:20:32:04 - 00:21:02:00

Laurent

Oui, oui, oui, j'ai une expérience puisque quand, je dis, au début de, voilà, on va dire, il faut chercher des solutions, de ça. Moi, j'ai fait venir, donc du centre de thérapie, j'ai fait venir, donc j'en ai parlé au médecin généraliste qui s'occupe de tout. Et à ce moment-là, il m'a proposé d'envoyer son ergothérapeute sur le terrain d'exercices, là où je travaille, pour voir un peu.

 

00:21:02:00 - 00:21:24:15

Laurent

Parce que, entre ce que je dis et ce qu'ils allaient voir, il y a peut-être une différence. C'est vrai que... voilà. Donc ils sont venus et ils m’ont filmé, ils m’ont photographié. Ils m'ont vu à l'œuvre et tout, et il y a pas de souci. Donc ça, c'est une chose. Donc j'avais un rapport, on va dire, favorable de gens extérieurs à mon employeur, au médecine du travail.

 

00:21:25:00 - 00:21:51:15

Laurent

Quand je suis allé chercher les résultat d'une enquête chez la médecine du travail, j’étais avec l'assistante de la Ligue belge de la sclérose en plaques, l’assistante sociale, et directement, le médecin nous a dit, “Écoutez, Monsieur Colart, regardez, M. Colart, vous ne savez plus travaillé, c'est plus possible.” Voilà. Un peu ce que je vous disais avec les autres. Et alors à ce moment là, l’assistante social, elle a dit, “Montre, montre le rapport des ergothérapeutes,” Et là il a lu le rapport et il s’est dit, “Oui,

 

00:21:51:15 - 00:22:20:09

Laurent

en effet, s'il y a des aménagements, il y a une possibilité.” Parce que normalement, moi je pense que, d'après ce que j'en sais, je ne sais pas chez vous, mais c'est le médecin du travail à la base. D'accord, il y a un problème ou de dos ou de membre supérieure là. Mais normalement c'est lui qui doit éventuellement proposer des solutions. C'est son job. Mais sinon, c'était, “Boop, stop, c'est fini.” Parce que, peut-être que lui, ce serait fini pour lui,

 

00:22:20:09 - 00:22:41:08

Laurent

j’en sais rien. Mais donc ça reste quand même, même si il y a du médecin, il y a du côté côté personnel aussi, à mon avis qui entre en compte. Et donc voilà. Et une fois que, voilà, il a lu le dossier une ou deux fois, il a dit “Ok ça va s'il y a les aménagements, à ce moment là, c’est ok. Mais en attendant, Monsieur Colart fera du administratif.”

 

00:22:41:09 - 00:22:42:08

Laurent

Donc voilà.

 

00:22:42:09 - 00:22:52:12

Chloë

Pensez-vous qu'il y a une meilleure stratégie que un médecin du travail ?

 

00:22:52:13 - 00:22:57:06

Laurent

C'est à dire que, là aussi, c'est mon avis personnel. Je ne suis pas... Mais je pense que...

 

00:22:57:07 - 00:23:00:12

Chloë

Bien sûr. Bien sûr.

 

00:23:00:13 - 00:23:20:14

Laurent

Il y a beaucoup de choses que, on va dire, ces gens-là, je n'aime pas employer ce mot-là, mais voilà. Ils ne savent pas reconnaître tous les métiers, toutes les fonctions et ainsi de suite. Bon, ils peuvent voir l'état général de la personne, ça je ne dis pas. Mais quant à la finesse du métier ou quoi, ils ne sauraient pas se rendre compte.

 

00:23:21:00 - 00:23:42:06

Laurent

Les ergothérapeutes, pareil. Ils sont venus me voir, ils savent c'est quoi. Ils m'ont vu à l'œuvre. C'est déjà un peu plus logique, je trouve. Mais derrière un bureau et dire, “Monsieur ne sait plus continuer, ou madame.” C'est pas tout à fait logique, je trouve. Ça c'est mon avis personnel. Donc il faudrait... mais c'est pas facile. Il faudrait, limite... là aussi

 

00:23:42:06 - 00:24:06:04

Laurent

ça serait par métiers, donc vraiment compliqué, un ensemble de personnes - aussi bien des techniciens, un mélange peut être de techniciens et de gens du monde de la médecine - et être vu pendant une semaine, deux semaines, un jour, j'en sait rien, quinze jours. Et être jugé, “Ben oui, ça il sait encore faire, ça il ne sait pas, on va l'aider, ça il ne sait plus faire,

 

00:24:06:05 - 00:24:25:15

Laurent

on ne sait pas l’aider, on va faire trouver une solution.” Ou alors, “Stop, c'est fini.” Ou alors... fin, voilà, quoi. Mais, je sais que ce n'est pas possible, financièrement et tout et tout. Mais ça, ce serait pour moi la bonne solution. Encore une fois, on ne peut pas juger sur ce qui marche pour mon cas. C'est ce que moi je dis.

 

00:24:25:15 - 00:24:49:07

Laurent

Ça je peux comprendre aussi parce qu'il y a des gens, ils sont devenus des dangers publics en voiture, ils ne s'en rendent pas compte, mais on les arrête, c'est logique. Arrive un moment par rapport leur maladie ou autre chose. Mais voilà, mon je sais bien, quand, il y a cinq ans, j'ai failli... on était au ralenti dans une file de voitures,

 

00:24:49:08 - 00:25:10:04

Laurent

embouteillage et j'ai raté la pédale de frein parce que ma jambe n'a pas levé assez de l'accélérateur à la pédale de frein. Donc j'ai recommencé. Ça a duré une petite seconde et demie, j’en sais rien. Et là, je suis freiné. Mais j'ai dit à mon épouse, c'était sa voiture, j’ai dit, “Écoutes, c'est fini, je conduis plus ta voiture boîte manuelle, je conduis la mienne comme avant en automatique.” Et je n'ai plus conduit la voiture

 

00:25:10:05 - 00:25:37:03

Laurent

à boîte manuel, quoi. Ça, ça, ça dépend de chacun. Il faut arriver à un moment se dire, “Bon.” Alors que, ça tombe que j'avais plus jamais de problème. Mais j'ai décidé que, voilà. Et si je, moi, au fond de moi, j'ai décidé que je voulais continuer à travailler, que je pouvais et voilà, je le sais. Maintenant, c'est normal que les personnes extérieures, ils prennent ça sous leur responsabilité

 

00:25:37:05 - 00:25:47:15

Laurent

donc ils ne peuvent pas dire oui, voilà, parce qu’ils s'engagent, on va dire personnellement, indirectement, et ça va, ça va. Donc voilà, il faudrait trouver une solution. C'est pas facile.

 

00:25:48:00 - 00:26:26:07

Isabelle

Oui mais vous avez raison, c'est, c’est quelque chose d’intéressant, que l'handicap, c'est pas, c’est pas vraiment dans le corps uniquement, c'est l'interaction avec... vous pouvez conduire une voiture automatique mais pas manuelle, c'est pas juste votre corps, c'est l'interaction de votre corps et le monde qui vous entoure. Oui, oui, oui, oui, mais je voulais juste demander parce que, quand je pense à la, les machines de terrassement?

 

00:26:26:09 - 00:26:27:05

Laurent

De terrassement, oui.

 

00:26:27:09 - 00:27:04:00

Isabelle

Ouais, et tout ça avec les machines et la construction et tout ça, je pense vraiment à un travail très manuel, très corporel, et ça m'a ça m'a surprise, surpris, surpris oui. Ça m'a surpris un peu que quelqu'un en situation de handicap pouvait faire quelque chose comme ça, ce qui montre déjà mon, ma compréhension, ou mécompréhension

 

00:27:04:01 - 00:27:19:08

Isabelle

Mais est-ce que vous avez trouvé que les personnes sont surpris que vous travaillez dans cette domaine au lieu de quelque chose administrative ou dans un bureau où c'est plus facile pour aménager le bureau que... ?

 

00:27:19:09 - 00:27:45:10

Laurent

Oui, c'est ça, c’est ce que certaines personnes me disent, ils disent “Oui, mais au fond, tu serais plus tranquille dans un bureau à faire des tâches.” Mais, voilà, un, ce n'est pas du tout mon, fin, mon état d'esprit et c'est pour moi plus compliqué de travailler dans un bureau que que d'être sur le terrain avec mes élèves et dans la machine. Parfois. Parce que je n'aurais pas être dans la machine du matin au soir.

 

00:27:45:12 - 00:28:07:09

Laurent

Je dois monter à certaines occasions. Peut être que, quatre fois par jour, je vais m’installer dans une machine pour leur montrer. Mais parfois après, peut être quinze jours sans. Donc voilà, comme je vous disaits tout à l'heure, si j'étais encore, on va dire salarié, ben du matin au soir, je ferais plus. Ce serait trop long parce qu'il y a aussi le côté psychologique, fin, mental.

 

00:28:07:10 - 00:28:30:07

Laurent

Pas psychologique mais mental de faire attention à tout, aux piétons, aux câbles électriques ou à ce qu’il y a enfoui dans le sol. Bah voilà. C'est une pression permanente, ça, je le sais. Donc là, je vais dire que j'aurais dû trouver autre chose, ça je suis d'accord. On ne travaillait qu'à mi temps, et encore, je ne sais pas, mais... Je ne sais plus,

 

00:28:30:07 - 00:28:33:09

Laurent

On se [indéchiffrable] un peu par rapport à ce que vous avez demandé.

 

00:28:33:10 - 00:28:34:12

Isabelle

Mais juste les gens.

 

00:28:34:12 - 00:29:09:15

Laurent

Certaines personnes, oui, qui disaient que, bon ce qu’ils disent et d'autres qui dit, “Bon, écoute, si tu sens que tu sais le faire, fais-le, quoi.” Voilà. Tout est une question de personnes et c'est pas facile, quoi. Maintenant, c’est vrai que ce sont des grosses machines. Je ne dis pas... allez, je prends le cas, j’avais un élève, il y a cinq ans, qui s'était inscrit dans la section et il avait un problème à la naissance, il avait eu quelque chose, il était en manque d'oxygène pendant quelques minutes après la naissance, et du coup il a un problème à son côté droit.

 

00:29:10:00 - 00:29:33:12

Laurent

Mais il roulait en vélo, à une main et un pied puisque les autres, ça suivait. Et voilà, il a grandit comme ça, il est né comme ça, il s'est toujours adapté. Quand il est venu dans ma section, il m'avait posé la question, je vais dire lors de la... à l'accueil des élèves le premier jour. Il me dit, “Monsieur, vous croyez que, regardez ma main,

 

00:29:33:12 - 00:30:05:14

Laurent

mon bras ?” J'ai dit, “Écoute, regarde moi, c'est pareil. On a à peu près la même chose, sauf que moi, j'ai eu ça tardivement. Je dois m'adapter au jour le jour. Toi, t'es né avec, donc tout ce que tu fais, tu sais que tu dois vite... voilà, t’es adapté tout le temps.” Et en effet, quand il est arrivé le premier jour en cour pratique, donc il est monté sur l'engin. Comme aux autres, je lui ai expliqué certaines fonctions et notamment du côté droit de la machine, entre la vitre et le siège,

 

00:30:06:00 - 00:30:32:03

Laurent

il y a un levier pour monter la lame avant la machine. Donc, normalement, sous le bras droit, un petit coup en arrière on la montre, on va vers l'avant, et on descend. Ben, lui directement, il n'a pas chipoté, il a pris sa main gauche et il a actionné le la manette en question. Voilà, c'est un état pour lui. Moi, je réfléchis, “Ah oui, c’est vrai, voilà.” Ou j'essaie et je vois que ça ne va pas et

 

00:30:32:03 - 00:30:47:06

Laurent

je recommence, par exemple. Maintenant, je le sais, mais lui, pas de souci et il s'en sortait bien. Même ses copains à l'époque disent “Ah mais ce Simon, il s'en sort bien.” Et je dis, “Ben oui.” Parce que il avait la volonté et voilà, quoi.

 

00:30:49:14 - 00:31:05:07

Chloë

J'ai une question qui est à côté de ça. Pensez-vous que vos étudiants profitent de votre expérience et votre exemple d'être une personne en situation de handicap qui travaille ?

 

00:31:05:08 - 00:31:31:08

Laurent

Je pense que c’est... oui... fin.... Dans le temps, par exemple, si... ou quand je marchais avec ma béquille, j'expliquais à un élève, je [indéchiffrable], donc je me mets à côté de la porte et il laisse la sécurité et ainsi de suite. Je lui parle, mais j'appuie ma canne contre la machine et parfois avec les petites vibrations elle tombe au sol.

 

00:31:31:09 - 00:32:00:14

Laurent

Hop, j'ai toujours bien un élève qui vient me la ramasser et “Bien, Monsieur?” alors que je ris, “Ben ça va!” Mais bon, voilà. aller. Donc c’est bien, ils sont déjà dans une situation où ils pensent à aider la personne en soi. C'est bien. Bon. Ensuite... quand... j'avais.... parce que, monter au sens propre, comme quand on monte un escalier ou sur une échelle, ça, je ne sais plus monter dans une machine.

 

00:32:00:15 - 00:32:32:12

Laurent

Alors je sais m'installer dans une machine en utilisant un petit strategem. C'est à dire que, on fait un trou de 90 cm de profondeur avec double de la largeur de la machine et un peu plus avec une rampe d'accès d'un côté et une rampe d'accès de l'autre. Donc à ce moment-là l'élève arrive, il descend la machine dans le trou et moi du niveau du sol, je m'installe dans la machine puisque je suis au niveau du plancher, à quelques centimètres près, de cinq centimètres plus haut, cinq centimètres plus bas.

 

00:32:32:14 - 00:32:52:15

Laurent

Et donc voilà. Et donc, à ce moment là, je dis, bon c'est bien, voilà, il n'y a pas de souci. Ou alors j'ai parfois des élèves qui préparent leur surface, ils travaillent dans un autre endroit et puis à la radio, “Oh Monsieur vous pouvez venir voir mon travail, je vous ai préparé le terrain.” Donc voilà, ils m'ont fait un trottoir, si on peu dire,

 

00:32:53:00 - 00:33:24:02

Laurent

donc c'est bien. Donc là aussi, ça leur ouvre l'esprit pour quand ils seront, fin, maintenant ils le sont, professionnels, ils doivent passer l'accès sur la route. Il y a les gens en poussette, il y a des gens ou malvoyants, il y a les personnes à mobilité réduite, il y en a beaucoup. Et donc... les femmes enceintes et tout ça, donc. Je suis certain que certains y pensent d’aménager de petites choses, quoi. Le trou en question,

 

00:33:24:02 - 00:33:46:02

Laurent

la première fois que j'ai fait faire un élève - il a bien fallu une première fois - l'élève, je lui dis, “Vient avec moi, on va faire un trou.” J'explique, voilà. Ça n’allait pas [indéchiffrable] Je lui dis, “Écoute, élargi un petit peu avant de [indéchiffrable]” Il me regardait toujours, il dit “Bon.” Il n’osait trop rien dire parce que je le connaissais pas vraiment. Et puis je dis, “Écoute, maintenant tu vas me faire une rampe.” Donc il commence à creuser une rampe.

 

00:33:46:04 - 00:34:04:13

Laurent

C'était pas suffisant donc je dis, “Écoute, tu dois descendre ta rampe.” Donc il fait. Et il me dit “Et maintenant, Monsieur, je fais quoi?” Je dis, “Ben, tu vas de l'autre côté, tu me fais la même rampe.” Hop, il fait la même rampe et dit “Maintenant je fais quoi Monsieur?” Ben, “Tu descends dans le trou.” Donc c'était nouveau pour lui, donc il descend tranquillement. Pourtant, c'est pas très profond, hein ? 90 centimètres,

 

00:34:04:13 - 00:34:23:03

Laurent

c’est rien, mais bon. Et alors après, il me regarde et il me dit, “Et maintenant Monsieur?” Je dis, “Maintenant tu descends et moi je monte.” “Oh, oui Monsieur, vous êtes malin!” Et je dis, “Non, je ne suis pas malin, je suis... je m'adapte.” Je lui ai fait comprendre que c'était des solutions. Voilà. Oui, je pouvais dire “Ah bon, je sais plus monter dans la machine.”

 

00:34:23:03 - 00:34:27:12

Laurent

Le geste de bras croisé, je la garde, mais c'est pas mon truc.

 

00:34:27:13 - 00:35:01:15

Isabelle

Mais ce que vous avez dit, ça m'a fait penser parce que, souvent quand on parle avec des gens et on demande comment ce qu'on peut faire pour créer des des villes ou des environnements plus accessibles. Souvent, on entend il faut que les experts, les personnes qui qui vont construire les villes, les environnements qu'ils ont, ça en tête depuis les années de l'entraînement, les... oui, depuis, ben, de base, ça doit être dans la tête.

 

00:35:01:15 - 00:35:14:15

Isabelle

Et comme vous avez dit, la façon dont vous enseignez et le fait que vous êtes là sur le terrain pendant leur entraînement, ça leur aide à garder en tête l’accessibilité.

 

00:35:15:00 - 00:35:40:13

Laurent

Ça les stimule parce que parfois, j'en ai même en fin d'année ou même après, ils me remercient en envoyant un petit message, “Merci pour tout” et, ou “Je sais bien que ce n'est pas facile pour vous, mais vous étiez toujours là.” C'est de beaux commentaires de remerciement, quoi. Voilà. Je suis certain, je dirai pas que dix sur dix vont faire attention toujours, mais queques-uns, oui.

 

00:35:40:15 - 00:36:02:14

Laurent

Je sais pas si... le nombre je ne vais pas citer si ça pour dix ou cinq pour dix, j’en sais rien. Mais je sais que la directement, voilà. Et même je trouve que pour leur futur à eux, malheureusement, je ne souhaite de mal à personne, mais tout peut arriver, même un bras cassé. Ils savent que, “Ben oui, je vais quand même trouver une solution pour faire ça.” Et pas dire,

 

00:36:02:14 - 00:36:28:11

Laurent

“C'est tout, je reste chez moi, je fais rien.” Donc, c’est important. Et c'est vrai que quand il y a, comme vous dites des aménagements à quel compte, ou des nouveaux bâtiments et tout, c’est vrai que les architectes ou les ingénieurs, des gens, comment dire, les auteurs du projet et tout, ne sont pas, Pfffffff, ils ne pensent pas à tout, il ne sauraient pas penser à tout.

 

00:36:28:12 - 00:36:59:07

Laurent

Moi j’ai connu un Monsieur ici, il a eu un problème, je ne sais plus quoi exactement, mais [indéchiffrable] maintenant il marche en béquilles. Il me dit, “Ah oui, maintenant je comprends.” Parce que maintenant, lui comme les autres, il doit monter le trottoir, descendre, marcher sur les pavés, on a beaucoup de pavés ici en Belgique. Et il se rends compte que, avant, il n'a jamais pensé. Moi aussi, indirectement, pas à 100 % comme maintenant, mais voilà, c’est comme ça.

 

00:36:59:08 - 00:37:09:08

Chloë

Quels conseils donneriez-vous à une jeune personne en situation de handicap qui veut lancer sa carrière ?

 

00:37:09:09 - 00:37:31:13

Laurent

Oui, moi je dis qu'elle doit absolument... Je le fais parfois. J'ai rencontré une jeune fille ici il y a pas longtemps et je lui dis, “Écoute, tu dois mettre tout de ton côté, bien entendu. Tu dois être très réfléchi à savoir ce que tu peux faire ou pas.” Oui, c'est le début de sa sclérose en plaques, donc ça va, c'est... Elle vient de l’apprendre, mais

 

00:37:31:14 - 00:37:56:10

Laurent

moralement, ça y est, c'est passé. Donc je dis, “Écoute, tu peux continuer à faire ce que tu as envie, fin, ce que tu voulais faire comme métier. Mais tu vas avoir peut-être parfois des bâtons dans les roues, hein ? Donc tu dois te montrer vraiment positive et montrer que tu veux y arriver, que tu peux y arriver.” Je dis, “Tu dois bien réfléchir à ce que tu veux faire.”

 

00:37:56:12 - 00:38:20:02

Laurent

Donc moi je dis qu'il faut... Ben, je prends mon exemple. Encore une fois, si j'avais voulu lâcher tout, voilà, je serais là où je suis là maintenant, du matin au soir. Tandis que je veux continuer, je sais que je peux, donc voilà. Pareil pour un jeune ou un moins jeune, qui apprend sa maladie. Il faut bien se mettre en question,

 

00:38:20:14 - 00:38:39:06

Laurent

se poser des questions et dire, “Bon, je peux le faire ou je peux pas le faire et ma santé me le permet ou pas, je serais aussi pro ou pas.” Oui, comme je vous l'ai dit tantôt, par rapport à un emploi de machiniste, je le ferais plus que je sais bien que je ne serai plus au top. Ou alors risques de sécurité aussi.

 

00:38:39:08 - 00:39:08:07

Laurent

Imaginons vous accrochez une conduite haute tension, un câble haute tension. La logique, fin la sécurité de ce [indéchiffrable]. Je ne peux pas descendre de la machine, je dois sauter hors de la machine. Dans mon état, ce n'est plus possible. Donc il en rest ce côté là aussi. Là, à ce moment, il y a des trucs un peu compliqué. Mais voilà, il y a des choses que... Maintenant, au pire, je pourrais trouver un domaine travaillant dans les parcs et jardins par exemple.

 

00:39:08:08 - 00:39:34:07

Laurent

Là, il y a pas de câbles haute tension. Donc c'est suivant le métier, la diversification des métiers ainsi de suite. Si je prends mon cas, c'est tellement diversifié que je pourrais trouver une corde à mon arc. Maintenant, c'est pas donné à tout le monde en fonction du métier, c'est ça ou rien. Mais moi je... avec tous les gens, je suis positive, je leur dis,

 

00:39:34:08 - 00:39:45:03

Laurent

Il faut. Il faut essayer, aussi bien pour le côté moral que psychologique et tout, social, tout ce qu'on veut de... Il faut continuer. S'il y a moyen.

 

00:39:45:04 - 00:39:45:09

Chloë

Est ce qu'il

 

00:39:45:09 - 00:40:04:01

Chloë

y a des mesures que les gouvernements ou les organizations - je m'excuse j’ai des difficultés de prononcer des choses - devraient prendre pour assurer l'inclusion des personnes en situation de handicap au travail en Belgique ?

 

00:40:04:03 - 00:40:17:11

Laurent

J'essaie... je vais prendre deux secondes pour réfléchir, apart mon cas à moi, à l’ensemble de problèmes. Oui, sûrement...

 

00:40:17:13 - 00:40:48:03

Laurent

Ouais, c'est à mon avis, c'est toujours pareil, c’est le fait de bien... allez, encore une fois, on en parle beaucoup, c'est déjà très bien. Mais le fait d'arriver à un point où point final, c'est... il y a toujours, comme l'expression le dit, le nerf de la guerre, c'est l'argent. Bon, mais en étant, fin, professionnel, je pense qu'il y a un moyen de trouver des solutions qui ne coûte pas plus cher.

 

00:40:48:04 - 00:41:12:15

Laurent

On change de temps parce que, allez, je prends un exemple. On met 20 mètres carrés de pavage avec certains hauteurs. Ça coûte autant. Si dans les 20 mètres, il y a un décaissement de cinq cm pour un passage piéton, par exemple, c'est pas ça qui va coûter plus cher, en soi. Oui, on va terrasser avec un petit dégradé ou quoi.

 

00:41:13:00 - 00:41:45:12

Laurent

Je vais dire c’est pas... ça va pas coûté trois fois le prix. Il y a même pas un petit pourcent ou deux de côté pécunier qui entre en ligne de compte. Bon, mais c'est pas encore assez assez réfléchi. J'ai eu une expérience il y a pas longtemps, une nouvelle voirie. D'un côté, vraiment bien fait, les dalles pour les personnes malvoyantes, les dalles avec les petits [indéchiffrable] là. Alors le passage piéton qui était légèrement en pente et en face, cette bordure.

 

00:41:45:13 - 00:42:11:12

Laurent

Donc on descend en chaise, on traverse, on est sur le passage côté, on ira en face, c'est bordure. Voilà. C'est pas assez, c'est pas assez dans les mœurs. Parce que, même si l'architecte s'est trompé, ça peut arriver, l’erreure est humaine. Mais le responsable du chantier ou le chef des travaux, le chef d'équipe, ça peut être une petite entreprise,

 

00:42:12:03 - 00:42:41:01

Laurent

chef d'équipe, pourrais dire, “Je vais demander une réunion à l'architecte et lui demander si c'est normal. Là, j'ai dû faire un plan incliné. Ici, je veux une bordure. C'est pas logique en ça.” Donc c’est aussi une question de personnel, fin, personnel du personnel. Voilà. Il faut y penser. Et j’avais pensé vous raconter autre chose... ah oui! Il n'y a pas longtemps, il y avait en Belgique, ça s'appelle le Relais pour la vie.

 

00:42:41:02 - 00:43:10:09

Laurent

Donc c'est par rapport au cancer. On marche, on forme des équipes et on marche, il y a un flambeau, pendant 24 h, en relai, quoi. Bon, les toilettes étaient toutes des toilettes... il fallait des toilettes transportables, des toilettes PMR, nickel, très bien. Et au moins dix toilettes en deux zones. A un moment, j'ai voulu y aller. Les trois toilettes étaient sur un plan incliné, donc elles étaient toutes de travers.

 

00:43:10:10 - 00:43:36:04

Laurent

Et alors, il y avait à peine 60 centimètres entre, bon, c’était dans un centre... allez... [indéchiffrable] et alors. Donc il y avait un chemin de terre et une bordure. Bon, pas de terre, mais un genre de sable. Donc les cabines étaient à travers et en plus il y avait que 60 cm une fois qu'on ouvre les portes. Quelqu’un en chaise saurait pas y aller.

 

00:43:36:04 - 00:43:57:02

Laurent

Bon moi, heureusement, je suis un petit peu casse cou. J’étais avec ma chaise pliable puisque, encore une fois, je dois me soulager mon corps, j’ai ça, j'ai ma chaise dans la voiture. Hop je le dépli. Donc c’est une chaise électrique. Je suis montée par le talus et j'y suis arrivé parce que je sais encore marcher. Je me suis levé debout, je me suis dit voilà la porte.

 

00:43:57:02 - 00:44:16:10

Laurent

Et ça y est, c'était un petit peu... Mais. Donc c'est bien pensé. Ils ont, ils ont acheté des WCs et ils les ont placé, mais par des gens qui n'y connaissait rien. On leur a dit, “Ben tu les mets là.” “Ah oui, oui d’accord.” Au lieu de dire, “Mais ce travers, on va les mettre...” - 20 mètres plus loin c'était nickel.

 

00:44:16:14 - 00:44:34:03

Laurent

Oui, c'était bien plat et tout. Donc il y a une question de... Il y a beaucoup, il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte à mon avis. Et c'est ça que ça n'est pas près de changer du jour au lendemain, malheureusement. Même si le pouvoir politique décide, “Oui, ok, on le fait.” Après, même l'architecte

 

00:44:34:04 - 00:44:55:09

Laurent

“Oui, OK, c'est comme ça.” Il faut après que le personnel sur le terrain disent, “Ah oui, on va faire ça bien nickel.” Il y a beaucoup. Mais il faut, il faut qu'on tente tout, c'est pour ça que le groupe PMR à Mons, on s'occupe beaucoup de la région de Mons, presser que, voilà, si ça peut entrer dans... quand on en parle, c'est pour ça que c’est un groupe public

 

00:44:55:09 - 00:45:28:00

Laurent

encore. On en parle de plus en plus. Du coup, les gens se rendent compte, ou certaines personnes, “Ben oui, c’est vrai, c’est une bêtise.” C’est peut-être, par exemple, une dalle qui dépasse d’un demi-centimètre ou un centimètre. Pour [indéchiffrable] tout le monde sait rien, mais moi, si je shop dedans, ma jambe reste bloqué. Bah voilà. Donc oui, il y a des solutions pensées ou prévues ou ou voulues.

 

00:45:28:00 - 00:45:47:12

Laurent

Mais, voilà. Ça reste encore délicat, on va dire. Donc il faut, il faut en parler absolument et c'est pour ça que j’aime bien... le contact d'aujourd'hui, J'aime bien ce que j'espère qu'on va pouvoir faire, avancer les choses, chacun de notre côté.

 

00:45:47:13 - 00:45:49:04

Chloë

Exactement

 

00:45:49:06 - 00:45:55:10

Laurent

pour tout le monde. Ça ne sera pas pour moi individuellement, mais pour tout, quoi.

 

00:45:55:11 - 00:45:57:04

Isabelle

C'est notre espoir aussi.

 

00:45:57:06 - 00:46:08:08

Laurent

C'est ce que j'ai à dire. Et vous, vous, c'est pareil. Votre but, c'est qu'on arrive tout doucement en fait, changer les mentalités. C’est une idée, une idée commune et un.

 

00:46:08:10 - 00:46:28:10

Isabelle

Alors Laurent est très impressionnant parce que c'est un homme qui trouve constamment des solutions. Il n'attend pas pour que le médecin de travail lui propose quelque chose parce qu'il sait que lui, Laurent, c'est la seule personne qui comprend ses propres besoins et ses propres capacités. Alors c'est lui qui décide quand il y a un problème, c'est lui qui propose la solution,

 

00:46:28:10 - 00:46:41:11

Isabelle

et puis c'est lui qui convainc le médecin de travail que sa solution marche. Et les solutions qu'il trouve sont très innovatrices. Je ne savais même pas qu'il existait des chaises roulantes à chenille !

 

00:46:41:13 - 00:47:16:09

Chloë

Oui, c'est vrai. D'ailleurs, je voulais signaler que Laurent a eu un parcours professionnel inhabituel parmi nous participants, parce qu'il est devenu visiblement handicapé après avoir été embauché. D'un côté, c'est possible qu'il avait moins de soucis à trouver de l'emploi parce que son handicap n'était pas évident au début, mais de l'autre côté, parce que sa maladie a progressivement évolué au fil des années, les adaptations dont il avait besoin ont aussi évolué.

 

00:47:16:10 - 00:47:31:12

Chloë

À cet égard, son expérience de négociation constante pour de nouvelles adaptations reflète les expériences d'un grand nombre de nos participants, même s'ils n'ont pas des maladies dégénératives.

 

00:47:31:13 - 00:47:58:14

Isabelle

Oui, c'est un élément intéressant. C'est aussi important de souligner que Laurent effectue un travail de sensibilisation tout en faisant son travail d'enseignement. Il est bien sûr un modèle pour ses étudiants handicapés, mais il est aussi un exemple pour ses étudiants et collègues non-handicapés. Il démontre que les personnes en situation de handicap peuvent travailler, elles peuvent enseigner, elles peuvent même conduire des engins de chantier !

 

00:47:59:00 - 00:48:19:06

Chloë

Oui. Son histoire incarne une des grandes conclusions de notre recherche, que ce sont les personnes non-handicapées qui ont besoin de la sensibilisation aux enjeux du handicap. Et Laurent sensibilise ses collègues et ses élèves à travers son travail d'enseignement.

 

00:48:19:07 - 00:48:28:12

Isabelle

Oui, et cela va avoir un impact important parce que ce sont ces étudiants qui vont littéralement bâtir l'avenir.

 

00:48:28:14 - 00:48:56:14

Chloë

Merci de votre attention. Nous espérons que vous avez aimé cet épisode de Broadcastability. Vous pouvez nous trouver sur Internet à fr.theproudproject.ca. Vous pouvez également nous rejoindre sur Facebook, Instagram, LinkedIn et YouTube.

 

00:48:57:00 - 00:49:27:10

Isabelle

Le podcast Broadcastability est réalisé par le projet PROUD à Scarborough College à l'Université de Toronto, en partenariat avec la station radio Indie 88 à Toronto, l'Association Disability Rights UK et le projet de recherche S-O-R-D: recherches sociales avec les personnes sourdes, à l'Université de Manchester. La docteure Chloë Atkins et Isabelle Avakumovic-Pointon sont les animatrices de la deuxième saison de Broadcastability.

 

00:49:27:12 - 00:50:04:12

Isabelle

La musique a été composée par Justin Laurie. Isabelle Avakumovic-Pointon a réalisé le montage de cet épisode. Nous remercions l'Université de Toronto Scarborough ainsi que nos partenaires communautaires, la station radio Indie 88, l'Association Disability Rights UK et le projet de recherche S-O-R-D à l'Université de Manchester, d'avoir soutenu la réalisation de ce podcast. Nous tenons également à remercier nos organismes subventionnaires, le Conseil des recherches en sciences humaines du Canada et TechN