
Broadcastability
Broadcastability is a podcast by, for, and about persons with disabilities in the workforce. / Broadcastability est un podcast par, pour, et à propos des personnes handicapées au travail.
Broadcastability is created by The PROUD Project at the University of Toronto, Scarborough. / Broadcastability est réalisé par Le Projet PROUD à l'Université de Toronto, Scarborough.
To support Broadcastability, please donate at: DONATE@PROUDPROJECT.CA. Pour soutenir Broadcastability, veuillez faire un don à : DONATE@PROUDPROJECT.CA
For more information, go to: https://www.theproudproject.ca/ Pour plus d'informations, consultez : https://fr.theproudproject.ca/
Season 2 (2023-ongoing): ""The Experiences of Disabled Employees and Entrepreneurs in France, Belgium, the UK, and the USA."
Season 1 (2021-2022) "The Experiences of Successful, Disabled, Canadian Employees and Entrepreneurs."
Broadcastability
Une Conversation avec Elisanne Pellerin: Accessibilité et alliés
*Lisez la transcription accessible ICI
Pour le cinquième épisode de Broadcastability, l'équipe du Projet PROUD discute avec Elisanne Pellerin, doctorante en sciences politiques à l’UQAM. Cet épisode aborde, entre autres, le handicap dans le monde universitaire, l’importance des alliés et les critères pour une politique d’accessibilité efficace.
For Broadcastability's fifth episode, the PROUD Project team interviewed Elisanne Pellerin, a PhD student in Political Science at UQAM. This episode discusses disability in academia, the importance of allies, and the requirements for effective accessibility policies.
*English transcript to come*
Générique de l'épisode:
Animatrices: Chloë Atkins et Isabelle Avakumovic-Pointon
Réalisatrices: Chloë Atkins et Andrea Whiteley
Monteuse: Isabelle Avakumovic-Pointon
Art de Couverture: Isabelle Avakumovic-Pointon
Transcription: Isabelle Avakumovic-Pointon
Musique: Justin Laurie
Reconnaissance du financement:
Nous remercions Scarborough College à l’Université de Toronto et notre partenaire pour ce balado, Timbres de Pâques Canada, pour leur aide. Nous tenons également à remercier nos partenaires financiers : le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, le Centre for Global Disability Studies, Tech Nation et le Catherine and Frederick Eaton Charitable Foundation.
French:
[musique]
Elisanne: [00:00:00] Ça devient un travail, malheureusement, d’éduquer les gens sur ces problèmatiques-là, alors que moi, c’est pas du tout mon sujet de compétence universitaire. Mais ça devient mon sujet de compétence personnelle. Et c’est à moi qu’on demande d’éduquer les gens.
Isabelle: [00:00:26] Bienvenue à Broadcastability, un balado pour, par et à propos des personnes en situation de handicap dans le milieu professionnel. Ce balado fait partie du projet Proud à l'Université de Toronto. Pour plus d'informations, veuillez consulter notre site web, leprojetproud.ca.
[musique]
Isabelle: [00:00:49] Ce balado a été enregistré sur les territoires traditionnels et ancestraux des Hurons-Wendat, des Sénèque et des Mississauga de la rivière Crédit. Nous aimerions également souligner les autres terres autochtones de l'île de la Tortue, où nous menons nos recherches et enregistrons se balado. Miigwech.
[musique]
Chloë: [00:01:16] Bonjour, je m'appelle Chloë Atkins. J'ai un handicap et je suis professeur de sciences politiques et chercheuse principale du projet PROUD.
Isabelle: [00:01:28] Bonjour, je m'appelle Isabelle et je suis étudiante en Masters à l'Université de Toronto. J'ai aussi un handicap et c'est mes expériences personnelles qui m'ont mené vers un intérêt dans ce projet.
[musique]
Isabelle: [00:01:44] Alors aujourd'hui, nous discutons avec Elisanne Pellerin. Elle est doctorante à l'Université du Québec à Montréal et elle nous raconte son parcours académique et professionnel.
Chloë: [00:01:55] Oui, c'est une entrevue particulièrement intéressante pour moi, car comme Elisanne, je suis une femme handicapée dans le milieu universitaire et une chercheuse en sciences politiques. Alors, j'ai vécu des expériences très similaires à les siennes.
Isabelle: [00:02:13] Et de plus, elle a beaucoup de conseils pour les étudiantes comme moi, qui contemplent une carrière académique. Elle a aussi des suggestions très spécifiques pour les gouvernements et les employeurs qui veulent créer des lieux de travail plus accessibles.
Chloë: [00:02:28] Absolument. J'ai hâte de partager la sagesse d’Elisanne avec nos auditeurs et auditrices. Finalement, je trouve charmante que notre discussion s'accompagne du chant de son perroquet et les mouvements de son chien d'assistance en arrière-plan [rire].
[musique]
Isabelle: [00:02:51] Alors, bonjour Elisanne, bienvenue. Pour commencer, pourriez-vous nous parler un peu de votre enfance et de votre éducation primaire?
Elisanne: [00:03:01] Donc, je viens d'une fratrie de trois personnes, donc j'étais la plus jeune de trois enfants. J'ai deux frères plus âgés que moi, qui sont neurotypique, donc pas de situation handicap. Moi, je suis née avec la paralysie cérébrale. Et puis j’ai fait mes classes, primaire secondaire dans des écoles normales, dans des écoles non adaptées. Malgré le fait que ça était parfois un peu difficile pour mes parents et puis pour l’adaptation à ça parce que je n'étais pas tout à fait la bienvenue, dans ces… Pas de la part des écoles elles-mêmes et du personnel, mais de la part de la commission scolaire, là, c'était pas très bien accepté que soit là, on aurait préféré me mettre dans des écoles spécialisées. Par contre, là d’où je viens, donc en campagne, des écoles spécialisées pour personnes en situation de handicap physique seulement, ça n'existait pas. Donc, fallait me mettre dans une école avec des personnes qui avaient des différences intellectuelles. Sauf que ma mère refusait parce que ça ne donnait pas accès à une diplomation, là, elle n'est qu'un diplôme d'études secondaires. Et évidemment, ça m'aurait nuit dans mon parcours de ne pas avoir de diplôme d'études secondaires. Donc ça a été une espèce de branle-bas de combat pour me garder en école régulière. Cependant, car même les professeurs et la direction de ces écoles-là étaient très, très gentils avec moi était très accommodante.
Elisanne: [00:04:32] Donc moi, personnellement, j’ai bien vécu dans l'optique où on m'a toujours bien acceptée où j’était. Le personnel était très invitant, malgré les difficultés, qu'il y avait au niveau plus haut, donc le niveau des commissions scolaires où c'était beaucoup plus difficile. Au moins, c'est plus mes parents qui s'occupaient de ça. Donc de mon côté, j'étais quand même bien reçu et ça a été quand même une enfance assez heureuse, sans trop de problèmes. J'ai, j'étais bien accepté, mais ma famille ne se formalisait pas trop de mon handicap, mon entourage non plus. Ça allait bien.
Chloë: [00:05:14] Vous êtes né où?
Elisanne: [00:05:15] Ben je suis née à Montréal parce que je suis née à Sainte-Justine, qui est l’hôpital. Par contre, moi je viens de Sainte-Agathe-des-Monts, donc c'est une ville au nord de Montréal, près de Mont-Tremblant. Là, c'est une petite ville où on n'avait pas l'habitude, à ce moment-là, d'avoir des élèves qui avaient des besoins particuliers. Donc, un cas comme moi, même si j'étais plutôt autonome, un cas comme moi était considéré comme un terrain extrêmement difficile dans des écoles non adaptées.
Chloë: [00:05:47] Est ce qu'il y a des personnes qui vous ont aidé, des personnes qui se sont assurées que l'environnement était accessible pour vous?
Elisanne: [00:05:57] Oui, comme je vous disais, j'ai toujours eu des alliés, toujours eu des gens qui ont cru en moi, malgré le fait que les autres n'y croyaient pas du tout. Et ces gens-là, par exemple, quand j'étais au primaire, et que la commissions scolaire, ne voulait pas du tout que je sois dans une école régulière. L'une des choses qu'ils ont essayé de faire, c'est de dire que, parce que je n'avais pas d'ordinateur portable, j'étais incapable de suivre dans une classe régulière et qu'on allait donc me sortir de la classe pour me mettre dans une école particulière parce que je n'avais pas accès à un ordinateur. Et à ce moment-là, la directrice de l'école a pris son propre ordinateur portable, elle est venue me l’apporter dans ma classe et a répondu « Voilà, elle a un ordinateur, maintenant, elle peut continuer. »
Chloë: [00:06:52] Cette histoire est très importante, elle démontre à nos auditeurs que c'est vraiment facile de donner la priorité à l'accessibilité. Aussi, elle indique que les petits gestes d'accès, ils ont grand effet sur la vie d'une personne en situation de handicap avez-vous d'autres anecdotes?
Elisanne: [00:07:15] Oui, mais toute ma vie, j'ai eu accès à des… surtout c’est les professeurs, c’est la direction, quand j'étais enfant plus jeune, qui ont été extrêmement gentil avec moi, extrêmement inclusifs. Je me souviens entre autres d'un professeur de musique. L’instrument qu'on devait jouer en secondaire, c'était la guitare. Je suis quadraplégique. Jouer de la guitare, ce n'est pas facile pour moi. J'ai essayé, j'ai toujours essayé, mais je suis arrivé pas vraiment ou de façon très moyenne. C'était difficile, même s'il donnait des bonnes notes pour mon effort. Mais par exemple, quand on arrivait en harmonie, moi et ma guitare, on faisait en sorte que l'harmonie n'était pas bonne à cause de moi, parce que je n'arrivais pas à jouer de la guitare de façon adéquate. Et donc, le professeur m'a enlevé ma guitare et me donnait un triangle pour que je puisse frapper sur mon triangle. Et à ce moment-là, l'harmonie fonctionnait. Et c'était la blague, avec le professeur, de m'enlever ma guitare et de me donner le triangle parce que c'est tout ce que j'étais capable de faire. Mais tu sais, j’ai une autre anecdote qui fait que moi, jouer de la guitare, c'est pas un but dans ma vie, je n'ai pas besoin, même si j'aimais ça. Puis j'essayais de le faire. Mais voilà, quand, quand j'étais incapable de jouer en harmonie, je dérangeais tout le monde. On me donnait le triangle, parce que le triangle, ça je suis arrivé. Et donc c'est vraiment… ça a été tout sort d’enjeux comme ça des professeurs qui m'ont aidé, qui m'ont donné plus de temps lorsque j'en avais besoin, les mesures d'adaptations que, à mon époque, qui n'était pas encore tout à fait bien fait. Donc, il y avait des professeurs qui prenaient sur leur temps de pause pour rester avec moi, le temps que je termine un examen, le temps que… pour me donner plus de temps pour faire un travail, pour faire une tâche que je n'étais pas capable de faire au même titre que tout le monde. Et donc, ces gens-là prenaient sur leur temps personnel pour moi et trouvaient des solutions à tous les problèmes, étaient créatifs pour trouver des solutions parce qu'ils savaient que si on ne trouvait pas, j’allais être sortie d'école. Et donc, tous les professeurs se donnaient, les professeurs m'aimait bien, Dieu merci. J'avais un bon contact parce qu'ils ont trouvé toutes sortes de solutions pour faire semblant que je répondais aux critères du gouvernement et m'a gardée dans des classes régulières.
Isabelle: [00:09:57] Et pourriez-vous nous parler un peu de votre première expérience de travail? Comment avez-vous obtenu ce premier emploi? Était-ce difficile étant donné que vous étiez une jeune personne en situation de handicap?
Elisanne: [00:10:12] Mon premier emploi a été au club de soccer ici à Sainte-Agathe, donc dans ma ville natale. Il faut dire que c'était mes parents qui s'occupaient du club, donc ils m'ont et m'ont donné un emploi étant leur fille, donc a été relativement facile pour moi parce que c'est mes parents qui géraient et j'étais au casse-croûte, donc je donnais les chips, et puis, les différentes collations que les gens achetaient. C'était assez facile, par la suite, ma vraie… mon premier emploi plus officiel, j'ai été à l'accueil, de camping, alors que j'étais à l'été de mes secondaire 5. Et là, j'ai été inclus par an par un programme d'inclusion des personnes en situation de handicap, donc par les programmes gouvernementaux qui payent une partie du salaire d'une personne en situation de handicap. Ça a bien été, c'était assez simple pour moi. C'était de l'accueil - travailler avec des ordinateurs, donc ça quand même bien été, puis personne qui étaient là… c'est un programme qui est volontaire, donc les personnes qui étaient là étaient contents de m'avoir et de sauver une partie de mon salaire. Alors que, dans mon cas à moi, tout au moins, je faisais 100% du travail. Je n'avais pas besoin de… je n'avais pas de la difficulté à donner ce qu'on me demandait parce que c'était assez simple pour moi, ayant toutes mes capacités intellectuelles. Donc je donnais 100% du travail pour une partie du prix, donc ils étaient très heureux de ça. Puis bof, c'est ça quand même. Puis le gouvernement donnait l’autre partie de salaire, donc moi, j'étais quand même pleinement payé. Donc, tout le monde était, tout le monde était heureux de ça. Puis ça, ça a bien été. Je suis resté quand même tout l'été de mes, tout l’été après mon secondaire cinq, et par la suite, je suis partie au CÉGEP.
Isabelle: [00:12:19] Alors vous avez mentionné votre temps au CÉGEP, ce qui me mène vers ma question à propos de votre parcours universitaire. Pourquoi avez-vous décidé de poursuivre un doctorat et une carrière académique?
Elisanne: [00:12:32] Ben en fait, après le secondaire, je suis allé au cégep en théâtre, au Collège Lionel-Groulx. Donc, j'ai fait un DEC en théâtre parce que, à ce moment-là, je voulais devenir metteur en scène, donc j’ai fait un DEC en théâtre et par la suite, je me suis révisé parce que… voilà je voulais répondre probablement à des attentes qu'on avait envers moi là. Et je suis allé vers quelque chose de plus de plus intellectuel. Mais ne sachant pas trop à quoi faire, avait appliqué en droit, j'avais appliqué en sciences politiques. Et j’ai décidé d’aller en sciences politiques parce que la droit avait… pour différentes discussions que j'avais eu, l'étais un peu désillusionné du droit. Je ne voulais pas nécessairement défendre des causes qui ne pas dans mes valeurs et tout ça. Donc, étant à ce moment-là a une jeune étudiante, je suis partie et je suis allée en science politique à poursuivre parce que je trouvais que ça allait plus avec mes valeurs. Donc j'ai fait, à ce moment-là, je suis partie donc des Laurentides, donc au nord de Montréal, vers Sherbrooke. Qui quand même est à trois heures de chez moi. J'ai fait mon baccalauréat et ma maîtrise à l'Université de Sherbrooke en sciences politiques.
Elisanne: [00:14:04] Et puis mon but avec tout ça était de devenir un professeur d'université. Et donc, pour enseigner… j'adore enseigner, mais je serais probablement incapable d'enseigner à des enfants. Je n'ai pas la patience. Ce n'est pas… ni la patience ni la pédagogie de faire ça. Et donc, je me suis dit que j'allais enseigner à des adultes. Ça allait être plus facile pour moi et donc pour enseigner à les adultes, ça prenait mon doctorat, voire un post-doctorat. Donc, je suis revenu par la suite à l'UQAM parce que le doctorat est offert presque uniquement à Montréal, Québec. Donc, je suis venu à l'UQAM pour terminer, ben pour faire mon doctorat que je suis en train de terminer. Et pour le post-doctorat, je verrai, je ne sais pas encore où on va m'accepter, mais probablement, très fort probablement, que je vais devoir re-déménager pour mon post-doctorat. Parce que bon, vous savez comment ça fonctionne. Les post-doctorats sont très difficiles à atteindre et donc je vais aller, je ne sais pas trop où dans le monde, pour atteindre un post-doctorat d'un dans la prochaine année, dans les prochains deux ans, tout dépendant quant à ce que je suis capable de défendre ma thèse.
Chloë: [00:15:23] Quel est le sujet de votre thèse? Pourriez-vous nous l'expliquer?
Elisanne: [00:15:27] Ces les activités culturelles, communautaires comme vecteurs d'émancipation contre le racisme. Donc, c'est vraiment de savoir comment les activités culturelles dans les centres communautaires peuvent aider des personnes qui sont en situation de racisme. Comment ça peut les aider à s'émanciper, comment ça peut les aider à s'intégrer à la société. Ici, au Québec, comme ailleurs au Canada, mais au Québec on a un problème particulier avec l'intégration des personnes immigrantes. Ça a fait toute sorte de saga au Québec. Il y a toutes sortes de problèmes avec ça. On n'est pas des excellents intégrateurs, donc il y a vraiment eu un problème de… il y a encore beaucoup de problèmes de racisme au Québec. Donc c’était quelque chose qui qui m'a appelé beaucoup et j'ai commencé ça avant qu'on parle de George Floyd et de Black Lives Matter, mais j'ai bien fait parce que bon, avec l’actualité, tout ça, je suis tombé au bon endroit, là. C'est vraiment d'autant plus d'actualité maintenant.
Chloë: [00:16:42] Et comment avez-vous choisi ce sujet?
Elisanne: [00:16:46] Ben en fait, c'est… je pense que, de premier bord, je suis une justicière. Je suis une justicière, donc les sciences politiques m'intéressait pour changer les choses, pour être capable de faire quelque chose qui était, qui était valable, qui aidait la société de façon très concrète. Et puis, on s'attendait de moi ce que je travaille sur des projets de personnes en situation de handicap parce que j'étais moi en situation de handicap et je n'avais pas envie de tomber dans ces stéréotypes-là.
Chloë: [00:17:22] J'ai tombé dans ce stéréotype, mais… [rire]
Elisanne: [00:17:26] Mais c'est très correct. Vous voyez, j'y reviens aussi, dans le sens où, pendant très longtemps, je me suis très peu impliqué avec des personnes en situation de handicap parce que je résistait contre ça. Et voyez maintenant, je suis dans différents… dont avec votre projet, mais avec d'autres projets, je suis… je reviens donc à défendre ce type de problématique-là. Mais voilà donc je cherchais un problématique qui était tout à fait… qui était aussi valable, qui était tout à fait d'actualité, mais qui était pas un lien avec une situation de handicap. Et comme j’étais au Québec, c'était très, très présent, le racisme, et donc je trouvais que c'était le sujet qui était d'actualité et dans lequel je pouvais travailler. Et ça a été très, très long pour moi avant de trouver mon sujet de thèse. J'en ai fait plusieurs. J'ai changé de sujet plusieurs fois et quand j'ai eu cette idée-là, je me suis dit que j'étais au bon endroit. Et comme de fait, effectivement, je n'étais vraiment pas dans l’endroit pour moi. Donc c'était vraiment pour être capable d'aider, de faire ma part pour aider quelqu'un que j'ai choisi ce sujet-là. Et parce que ça m'intéressait profondément, beaucoup plus que des sujets plus académiques, des sujets qui sont peut-être plus facilement accessibles, mais qui, moi, ne m'intéressait pas du tout.
Chloë: [00:19:01] Moi aussi, je suis chercheuse et comme vous le savez, un universitaire a trois responsabilités professionnelles : la recherche, l'enseignement et le service à la communauté. Est-ce que votre handicap a une influence sur comment vous effectuez vos responsabilités?
Elisanne: [00:19:23] Étant doctorante, presque à la fin du doctorat, maintenant ma thèse est presque toute écrite.
Chloë: [00:19:31] Félicitations!
Elisanne: [00:19:32] J'ai déjà commencé donc... merci!
Isabelle: [00:19:37] Félicitations! C'est difficile, les thèses.
Elisanne: [00:19:39] Oui, c’est difficile. [rire] Oui, c’est difficile on s'y attend pas. Et Dieu merci, on n’y attend pas parce que si on s’attendait on ne le ferait pas. Mais oui, donc, j'ai déjà commencé l’enseignement. J'ai commencé aussi les colloques scientifiques. J'ai commencé à recherches. Je suis chercheur aussi, de mon côté, j'ai des contrats de recherche. Vous savez comme moi que pendant la thèse de doctorat, on n'a pas le choix de le faire. Donc, j'ai commencé déjà tout ça et je pense que ce sera ma vie pendant un moment à tout le moins. Je m'en sors bien et je m'en sors bien. Je pense que, avec le temps, j'ai appris à écouter mes limites alors qu'à une autre époque, je n'ai pas écouté mes limites. J'ai fait un baccalauréat en dix-huit mois plutôt qu'en… donc 17 mois en fait, et donc j'ai travaillé extrêmement difficilement. Je dormais pas et à un moment, ma santé psychologique en a pris un coup, là. Et donc j'ai appris à écouter mes limites plus maintenant, à prendre des pauses quand il faut, à ne pas travailler une journée parce que parce que je sens pas bien. En vieillissant, j'ai appris ça. J'ai appris aussi à demander de l’aide quand j'en ai besoin, alors qu'à une autre époque, je refusais toute mesure d'adaptation et toute aide par orgueil et par fierté. Aujourd'hui, je n'ai pas besoin de beaucoup d'aide, j’essaie de faire les choses grosso modo à ma façon, mais quand même, quand j'ai besoin d'aide, je demande, ce que je faisais pas avant.
Elisanne: [00:21:15] Enseigner pour moi, c'est facile. Je pense que je suis une enseignante dans l'âme. Je suis une professeure dans l'âme. C'est ce que j'aime faire. J'aime beaucoup faire ça. La recherche, c'est moins facile pour moi, je ne suis pas une chercheure de prime abord, j'avais peu d'aptitudes en recherche en commençant, mais j'ai développé, et j’ai développé un goût pour ça. Un goût pour certains projets, à tout le moins des projets comme le vôtre, des projets communautaires, des projets où on peut aider les gens de façon très concrète. J'aime faire ça même ça demande, ça demande des choses intellectuelles, ça demande de l'écriture, ça demande beaucoup de choses de bureau qui sont moins ma force. J'aime les résultats et je me concentre vraiment sur les résultats de ces ordures. J'adore faire ça. Et bon, les colloques et tout ça, ça se passe toujours assez bien. Bien que toujours des péripéties, les gens sont assez réceptifs à mon chien et viennent m'aider quand j'ai besoin d'aide. Ce qui m'amène à votre deuxième question. Je pense que les gens, lorsqu'ils voient un chien, sont un peu étonnés de prime abord, ils sont un peu étonnés. Parfois, surtout dans d'autres pays, mais parfois aussi au Québec, ça m'est arrivé de me faire prendre de haut, donc de me faire juger et de me faire dire « Tu ne peux pas être professeur, tu dois t’es trompé de classe, ça ne doit pas être toi, la professeur » et de me faire dire mais oui, c'est moi. Donc il y a vraiment le jugement qui reste, je pense, et vous l'avez probablement vécu, que oui, de se faire juger de prime abord parce qu'on est en situation de handicap, je pense qu'il faut travailler plus fort que les gens qui sont neurotypiques, pour arriver au même résultat. Il faut sans cesse prouver nos capacités, beaucoup plus que les autres. Et en plus, quand on est femme, vous et moi on est des femmes, encore plus, on est de prime abord, des professeurs femmes dans un milieu typiquement masculin, en plus en situation de handicap. Plusieurs fois, j'ai dû prouver mes compétences parce qu'on ne me prenait pas au sérieux. Et ça, ça aussi, ça prend beaucoup d'énergie. Par contre, au niveau des étudiants, je vous dirais que c'est quand même… a part que, bon, il y a toujours deux- trois personnes qui nous regardent de haut, qui ne sont pas certains, qui veulent jouer au plus malin avec nous. Mais la plupart des étudiants sont réceptifs, aiment le chien. Mes chiens sont beaux. Donc il y en a… je pense que le chien facilite le contact.
Elisanne: [00:24:08] Donc vraiment, ça aide de présenter le chien, je fais quelques blagues, je me présente, je fais quelques blagues et les gens finissent par voir que malgré le fait que tu sois en situation de handicap, tu as des compétentes et que s'ils ne le sont pas à l'aise avec la situation de handicap, ils peuvent sortir du cours et trouver un autre cours. Mais que tant que la classe sera la mienne, il va avoir du respect et ça va marcher selon mes règles. Donc, s’ils ne sont pas à l’aise avec ça, ils sortent tout simplement. Ils changent de cours, mais la plupart des étudiants restent dans mes cours parce que je suis quand même quelqu'un d'assez drôle qui aime faire des blagues qui... Je pense que je suis quand même un bon professeur, je suis quand même quelqu'un qui qui est à l'écoute des étudiants. Je suis très sensible aux besoins particuliers des étudiants. Je suis très sensible aux besoins de l'un et l'autre, très sensibles à leurs droits, aux droits de mes étudiants. Donc je pense que je suis quand même quelqu'un qui, grosso modo, fait un bon travail que les étudiants apprécient justement parce que je suis assez accessible comparativement à d'autres profs d'université. Mais moi, j’essaie, au moins de rester extrêmement accessible et de dire à ces étudiants que je comprenne ce qu'ils vivent parce que moi-même l'ai vécu.
Chloë: [00:25:40] Et vos collègues, comment réagissent-ils?
Elisanne: [00:25:43] Avec les collègues, vous le savez que oui, c'est beaucoup plus difficile, les collègues étant... Je pense que dans le milieu universitaire, on est des gens qui ont un certain statut social, qui ont souvent beaucoup d'argent, qui ont toujours été, pour la majorité à tout de moins, dans une situation d'aisance où ça a été relativement facile. Des gens qui apprennent facilement, des gens qui sont intelligents et très intelligents, des gens qui souvent viennent de familles aisées. Donc c'est sûr que ces gens-là ont pour la plupart ont quand même… veulent, veulent faire respecter une certaine aura autour de l'université, avoir des gens qui répondent à certains standards auxquels je ne réponds pas. Il faut… pour eux c'est vraiment élitiste comme lieu et je ne réponds pas à ces standards-là. Donc c'est sûr qu'au début, tu te fais regarder, tu te fais passer des petits commentaires ici et là. C'est plus difficile d'avoir des charges de cours, c'est plus difficile à avoir... Bon, c'est un milieu aussi typiquement masculin. Donc, c'est sûr qu'au niveau des collègues, ça devient plus difficile. Après, Dieu merci, il y a toujours eu des collègues et des professeurs et des directions qui sont vraiment un soutien, qui croient en vous et qui vont vous aider à atteindre vos objectifs. Donc, j'ai toujours eu une ou deux personnes, trois ou quatre qui étaient extrêmement de bon support pour moi, qui m'ont moins aidé à faire leurs classes, et des collègues, des professeurs qui m'ont qui m'ont défoncé des barrières, qui m'ont beaucoup aidé. Ce qui a fait un contrepoids aux personnes qui ne m'ont pas aidé du tout.
Chloë: [00:27:55] C'est une stratégie pour vous
Elisanne: [00:27:57] Oui!
Chloë: [00:27:57] D’avoir cette personne avec vous, je fais la même chose.
Elisanne: [00:28:01] Oh, mais il faut, il faut. Et voilà, il faut trouver des gens qui sont de notre côté. Il faut trouver des étudiants qui deviennent des professeurs, qui vont travailler avec nous, des collègues qui vont nous aider à toutes sortes de façons, même dans l'ombre, pour essayer de jouer, pour nous aider, ça devient tout un travail stratégique.
Chloë: [00:28:25] Oui, je comprends. De fait, les racines du projet PROUD se trouvent dans mes expériences avec la discrimination à l'université. J'ai un handicap épisodique et parfois j'utilise un fauteuil roulant et parfois pas. Il y avait une université qui m'a refusé un poste à cause de mon handicap. J'ai posé ma candidature et j'ai été invité à une entrevue. Mais quand ils ont découvert que j'avais un handicap, l'entrevue a été annulée et j'ai reçu une lettre de refus. Mais un membre du comité d'embauche m'a téléphoné et il m'a dit « Tu dois changer tes lettres de recommandation. C'est important que vos lettres n'aient aucune allusion à votre handicap ». Donc, j'ai demandé à mes référents d'éditer leurs lettres et après, la même université m'a offert une poste. Alors, je comprends que la discrimination est un grand problème pour les personnes en situation de handicap visible.
Elisanne: [00:29:41] Oui, ben c'est très subtil. Les gens ne viendront pas de prime abord vous voir pour vous dire que parce que vous êtes en situation de handicap ou parce que vous êtes une personne racisées, vous n'aurez pas accès à l'un ou l'autre des postes qui sont proposés. Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. C'est… de prime abord, et les gens se disent très ouverts. On a des politiques d'ouverture à l'université. Par contre, appliquer ces politiques-là et les faire respecter, c'est extrêmement difficile parce que il y aura toujours une raison de me refuser un poste et de ne pas dire que c'est parce que je suis en situation de handicap. Il y aura toujours une raison d'être beaucoup plus sévère avec moi qu'avec quelqu'un d'autre sans dire que c'est à cause de ma situation handicap. Donc c'est très subtil. Et oui, ça devient un combat. Dieu merci, en sciences politiques comme ailleurs, mais en science politique aussi, il y a des gens qui sont beaucoup plus de courant de gauche, de courant révolutionnaire, de courant d'intégration. Et ces gens-là, particulièrement ces gens-là, sont ouverts à ce type de problématique-là. Et vont aider et en font parfois une cause personnelle d'essayer de t'aider et réussissent à défoncer des barrières pour nous. Dieu merci, il y a des gens qui sont très, très progressistes dans ces endroits là, mais c'est sûr que la majorité ne sont pas progressistes et la majorité, c'est sûr que les sujets les plus en vogue, ce n'est pas des sujets progressistes non plus, c’est les sujets de nationalisme, de guerre, d'armées, de tout ça, d'économie, tout ça.
Elisanne: [00:31:36] Et donc, ces personnes-là, je pense que c'est de plus en plus quand même valorisé, la progression à l'université. Mais il reste encore énormément de travail à faire. Dieu merci, je pense que les gens comme vous Chloë comme moi, à tous les jours sont incapables de faire changer les choses et un à la fois, on arrive à quelque chose. Mais il y a énormément de travail à faire et malheureusement, ce n'est pas notre travail de faire avancer l'université sur les questions de discrimination. Mais parce qu'on est ce qu'on est et qu'on est né en situation de handicap, qu'on est né avec une situation de racisme où on peu importe, ça devienne notre travail de faire ça et ça devient un travail, malheureusement, d'éduquer les gens sur ces problématiques-là, alors que moi, c'est pas du tout mon sujet de compétence universitaire, mais ça devient mon sujet de compétence personnelle, je crois. Et c'est à moi qu'on demande d'éduquer les gens sur ces problématiques-là.
Chloë: [00:32:46] Je suis une spécialiste en sciences politique comme vous et nous nous intéressons aux questions concernant le pouvoir et les systèmes politiques. De nombreux de nos collègues se préoccupent de la justice sociale, de la diversité et de l'inclusion. Pourtant, paradoxalement, je constate que bon nombre de mes collègues ne considèrent pas l'invalidité comme une problème de premier plan. Nos recherches menées dans le cadre du projet PROUD montrent également que le handicap est une considération secondaire lorsque nous parlons aux employeurs de milieux de travail inclusifs.
Isabelle: [00:33:31] Alors évidemment, l'université n'est pas un le modèle d’inclusivité, mais avez-vous déjà eu des expériences de travail qui étaient réellement inclusives?
Elisanne: [00:33:42] La question est difficile dans l’optique òu j'ai eu des endroits de travail théoriquement inclusifs, mais c'est sûr qu'il y a toujours eu des collègues, des patrons qui étaient contre moi partout où je suis passé. Je ne pense pas que ça m'est déjà arrivé de ne pas sentir ça de la part de l'un ou l'autre des personnes avec qui je travaillais. Donc, pour moi, un lieu qui est totalement inclusif serait un lieu où il n'y a aucun préjugé contre le handicap, contre la situation de quelqu'un. C’est là où on a vraiment des endroits de travail inclusifs. Par contre, je pense que c'est très idéaliste d'avoir des endroits où ça existe parce qu'il y aura toujours quelqu'un qui va avoir quelque chose à dire sur toi. Et je pense qu'effectivement… aussi je suis quelqu’un, pour revenir sur ce que vous disiez Chloë, je suis quelqu'un qui a été privilégié dans la vie pour différentes raisons, entre autres, grâce à mon caractère, j'ai réussi à atteindre des études supérieures. J'ai réussi à atteindre des bons salaires qui font que pour moi, c'est facile ou du moins, c'est accessible de payer ma médication, de payer mes trucs, de travailler moins, d'avoir accès à des bons salaires, d'avoir accès à des bons emplois. Pour la majorité des gens, ce n'est pas accessible d'avoir un doctorat, de travailler à l'université avec les salaires que nous on connaît et qui sont obligés de travailler à des salaires moindres ou, la plupart du temps, même de ne pas travailler du tout parce qu'ils ne trouvent pas d'emploi approprié à leurs besoins.
Elisanne: [00:35:40] Et ces gens-là se retrouvent en situation de pauvreté, à subvenir à leurs besoins sur des programmes gouvernementaux qui paient très faiblement. Et ces gens là se retrouvent en situation de pauvreté. Donc, je fais partie des rares exceptions qui n'ont pas besoin de l’aide de subsistance, de dernier recours qu'on appelle ici au Québec le bien-être social, pour vivre. Mais le bien-être social au Québec, ça donne 500, un peu plus de 500 dollars par mois. Euh, c'est vraiment pas beaucoup, donc ces gens-là là vont vivre en situation de pauvreté toute leur vie. Dans mon cas, parce que j'ai réussi à avoir des études supérieures, j'arrive à avoir un salaire qui est convenable et à me débrouiller un peu partout, même si les endroits ne sont pas, dans les faits, des emplois qui sont parfaitement inclusifs. J'arrive à me débrouiller, mais j'arrive à me débrouiller parce que j'ai de la chance. J'ai de la chance d'avoir un handicap que j'ai pu surmonter. J'ai pu avoir des capacités physiques beaucoup plus importantes que ce que mon handicap me permettait de prime abord. J'ai pu avoir un caractère qui me permet de me tenir debout. J'avais les capacités intellectuelles de faire un doctorat. Mais voilà, ça a été, c’est ça.
Isabelle: [00:37:14] Est-ce qu'il y a des mesures que les gouvernements ou les organisations devraient prendre pour assurer l’inclusion des personnes en situation de handicap au travail?
Elisanne: [00:37:24] Je pense que les mesures gouvernementales doivent être revues pour donner non pas un semblant d'inclusion avec des politiques qui sont facilement déjouables, mais avec des politiques qui fonctionnent de façon concrète. Et ça, je pense que pour faire ça, mais il faut écouter les personnes en situation de handicap. Arrêter de demander à des ingénieurs à gros prix ce qu'on doit faire et commence à demander à des personnes en situation de handicap ce qu'on doit faire parce que j'ai vu des travaux d'ingénierie qui n'étaient pas du tout adaptés, même si, même s'ils ont voulu. J'ai vu des rampes d'accès qui étaient tellement à pic qu'on retombait, part en arrière avec les fauteuils. J'ai vu les portes s'ouvrir dans une rampe d'accès où tu retombais parce que la porte s'ouvre sur toi. Bon, j'ai vu, j'ai vu toutes sortes de choses qui avaient été fait par des ingénieurs, pourtant, mais un ingénieur malgré sa bonne volonté, s'il ne consulte pas les gens, il pensera pas à tout. Parce que c'est difficile pour quelqu'un qui est sur ses deux jambes de penser à ce dont les autres ont besoin. Donc, je pense qu'il faut consulter la population et dire et « expliquez-nous quels sont les problèmes au niveau des programmes, quels sont les problèmes au niveau des adaptations et comment on peut vous aider avec ça? Venez tester non nos programmes, venez tester nos environnements de travail et venez nous dire ce qui ne fonctionne pas. »
Elisanne: [00:38:52] Et ça se fait un peu avec des ergothérapeutes et tout sorts qui viennent aider. Ça se fait un peu ici au Québec, mais ça ne se fait pas assez. Et évidemment, il y a des lois qui sont complètement ignorées. Par exemple, au Québec, il y a une loi qui dit, depuis l’année 70, donc on parle quand même de 50 ans, qui disent que tous les nouveaux bâtiments doivent être construits de façon accessible. Ça, c'est une théorie, parce qu'en pratique, il n’y a personne qui est obligé de faire ça et aucune contravention ou amende qui a été donnée. Ceux qui veulent bien suivre peuvent y suivre ceux qui refusent de suivre ça pour des questions souvent financières.
Isabelle: [00:39:52] Alors la loi n'est pas imposée?
Elisanne: [00:39:54] Non, la loi n'est pas appliquée en fait. La loi ici au Québec, n'est pas appliquée du tout, du tout, du tout. Donc, c'est vraiment de la bonne volonté parce que ceux qui ne le font pas n'ont aucune conséquence de ne pas l'avoir fait. Donc, c'est vraiment une question de modifier ces lois là et de les appliquer pour de vrai et aussi de demander aux gens en situation de handicap, ce dont ils ont besoin parce que c'est les meilleures personnes pour nous dire que une entrée est accessible ou non, selon eux. Et non selon un ingénieur qui pour lui, ça peut être très accessible, mais qui s'est jamais assis dans un fauteuil roulant pour essayer.
Chloë: [00:40:39] En parlant des mesures gouvernementales. Vous avez déjà parlé du programme qui a contribué à votre salaire quand vous travaillez au campus d'été. Avez-vous utilisé d'autres programmes au cours de votre carrière et de manière plus générale, pourriez-vous nous parler un peu de côté financier de votre carrière?
Elisanne: [00:41:04] Bien au niveau des études ici au Québec, on le quand un programme de bourses d'études pour les personnes en situation… ben pour tout le monde, en fait, mais qui est qui est meilleur, qui donne plus d'argent aux gens qui ont situation de handicap. Donc, c'est comme ça que j'ai payé grosso modo mes études jusqu'à dernièrement, où j'ai commencé à travailler plus sérieusement pour payer mes études. Donc, j'ai eu accès à ce programme de bourses gouvernementales-là pour mon université. J'ai aussi eu accès évidemment à des programmes d'outils techniques, donc les programmes qui nous donnent des fauteuils roulants, par exemple et tout ça. Donc, toute ma vie, j'ai eu accès à des programmes pour les fauteuils roulants et qui donne accès aux différentes aides moteurs. On ne peut pas tout avoir. C'est un ou c’est autre. Dans mon cas, j'ai un fauteuil manuel qui a été payé et j'ai une allocation pour mon chien d'assistance qui est payée également qui me donne de l'argent pour sa nourriture. pour tout ça. Ça couvre pas tout au niveau du chien, mais quand même. Ç a a été bonifié aussi dans les dernières années, donc c'est beaucoup mieux que c'était. Parce qu’un chien, ça coûte cher et donc c'est principalement les programmes… au Québec, on a des bons programmes pour ça, même si, pour différentes raisons, il y a des difficultés au niveau de l'accessibilité de ces programmes-là. Mais au Québec, on n'est pas à payer pour ce type de chose. On ne va pas payer non plus pour les spécialistes. On n'a pas à payer pour une partie des réaménagements, pour une partie des aménagements des voitures non plus. Donc, les programmes sont quand même généreux, même si, comme je disais, au niveau de l'accessibilité de ces programme-là, toujours des ratés, puis des problèmes administratifs. Vous connaissez la chanson. Mais de mon côté, je n'ai pas eu à payer beaucoup de mes adaptations, sauf mon quadriporteur dernièrement, parce que j'avais droit au chien ou au quadriporteur. Mais comme mon chien était mort et que je ne savais pas quand j'allais avoir d'autres chiens, j'ai payé un quadriporteur, mais c'est allé sur mes assurances de travail, finalement. Donc, je n'ai pas eu finalement à payer. Mais quelqu’un qui n'a pas d'assurance privée, voire être obligé de débourser de part ou d'autre. C'est à date moins s'il veut avoir plusieurs équipements.
Chloë: [00:43:45] Est ce que vous recevez une pension d'invalidité en ce moment? Ou avez-vous envisagé la possibilité de bénéficier d'une telle pension dans le futur?
Elisanne: [00:43:58] Ben oui, on réfléchit à ça. Vous le savez, on réfléchit à ça beaucoup. Pour l'instant, je n'en ai pas besoin parce que je suis capable de travailler. Donc, j'ai été capable, avec les bourses d'études, avec tout ça à avoir, à être tout à fait autonome financièrement. Et Dieu merci, grâce à mes diplômes, j’aurais quand même un salaire qui est adéquat, même si je ne travaille pas à temps plein en ce moment parce que je termine ma thèse. J'arrive à avoir des salaires qui sont adéquats pour moi et qui réussissent à me faire vivre. À long terme, je ne sais pas ce que je vais faire. Est ce que je vais être capable d'avoir un poste de professeur, par exemple, à temps plein? Possiblement pendant une partie de ma vie, avant que je sois trop fatigué. Mais ma maladie me porte à être de moins en moins forte physiquement. Éventuellement, peut être que je vais avoir besoin de diminuer. Maintenant, ça va quoi que-t-il j’ai jamais essayé, sincèrement, de travailler à temps plein. Donc ici, ce qui est temps plein au Québec, c'est 40 heures par semaine. Je n'ai encore jamais essayé de travailler 40 heures par semaine. Mais Dieu merci, là où j'en suis, avec les études que j'ai, on me donne un salaire qui même si je ne fais pas 40h semaine, me convient et puis me permet de vivre. Donc ça, c'est la bonne nouvelle. À long terme, possiblement que je vais en avoir besoin parce qu'il va falloir que je réduise encore mes heures. Donc je vais voir, c'est vraiment une question qui est évolutive pour moi,
Isabelle: [00:45:46] Comme on parle des changements, est-ce que vos besoins d'adaptation, surtout pour le logement, est-ce qu'ils ont évolué au fil des années?
Elisanne: [00:45:56] C'est sûr que mon logement est adapté dans l'optique où j'ai toujours eu besoin de logement, où il y avait peu d'escaliers, idéalement pas d'escalier, parce que je peux monter les escaliers avec une rampe, mais pour rentrer mon fauteuil roulant, pour rentrer mon quadriporteur… C'est sûr que je ne peux pas entrer à mon fauteuil roulant, mon quadriporteur dans les marches, moi, j’arrive pas. Donc, le plus simple, pour moi, c'est avoir des appartements qui sont adaptés, donc que ont qu’un escalier, donc tant quand j'étais à Montréal que quand je suis revenu à Sainte-Agathe et quand j'ai fait mes études à Sherbrooke aussi, j'ai toujours eu un appartement qui était qui était sans escalier.
Isabelle: [00:46:42] Est ce qu'il y a une différence entre le coût d'un appartement accessible et le coût d'un appartement non adapté?
Elisanne: [00:46:49] C'est sûr que ça coûte plus cher. Après moi, j'ai été chanceuse. J'avais quand même des contacts. Donc, à Montréal, je suis allé dans une coopérative d'habitation, donc une coopérative adaptée, parce que c'était une coopérative quand même, elle était abordable. À cet égard, j'ai acheté un condo que j'étais capable de négocier. Mais c'est sûr qu'il y a une majorité des appartements dans toutes les villes coûtent beaucoup plus cher s’ils sont adaptés.
Chloë: [00:47:22] Comment vous déplacez vous? Prenez-vous le métro ou avez-vous une voiture? Ou…?
Elisanne: [00:47:29] À Montréal je n'avais pas de voiture. Parce qu'à Montréal, avoir une voiture, c'est beaucoup plus compliqué que de ne pas avoir de voiture. Donc, à Montréal, j’utilisais le transport adapté. Par contre, extrêmement complexe le transport adapté, le service du réseau de transport de Montréal, excusez-moi, mais c'est absolument horrible. C'est absolument horrible comme service.
Chloë: [00:47:54] Toutes les villes au Canada, je pense que c'est la même chose.
Elisanne: [00:47:57] C'est ce qu'on m'a dit. C'est absolument horrible - point que le service de Sherbrooke était bien meilleur. Je dois avouer que le service de Sherbrooke était bien meilleur. Les services à Montréal, ne fonctionnent pas. Mais avoir une voiture à Montréal, c'est extrêmement complexe pour moi au niveau du déneigement et tout ça, des stationnements, là, c'était super complexe. Donc je n'avais pas de voiture. Je me promenait en transport adapté, en taxi, à l'époque où j'avais mon chien d'assistance en métro, quand mon chien d'assistance est mort j'ai été quand même deux années sans chien d'assistance, et le métro, pour moi, c'était plus possible. N'ayant pas de soutien pour marcher, c'est extrêmement difficile. Donc c’était grosso modo le taxi, les amis, le transport adapté quand ça fonctionnait, c'est à dire pas souvent. Et maintenant, à Sainte-Agathe, j’ai une voiture. Ici ou je suis, où j'ai acheté mon condo, comme je vous disais, toute à l’heure, c'est une petite ville. On a un transport adapté, mais qui est quand même limité, qui est difficile. Donc, ici, à Sainte-Agathe, j'utilise ma voiture et j'ai appris dans les dernières semaines à utiliser ma voiture à Montréal.
Isabelle: [00:49:10] Sur ce sujet, quelle adaptation demandez-vous au travail?
Elisanne: [00:49:14] Dans mon cas, je n'ai pas besoin de l'aménagement particulier à mon lieu de travail, ne serait-ce que le lieu soit accessible en fauteuil roulant. Donc… mais au niveau, j'ai besoin évidemment de travailler avec un ordinateur. Je ne peux pas écrire à la main très longtemps, beaucoup plus qu’une liste d'épicerie. Donc, j'ai besoin de travailler avec un ordinateur. Mais pour le reste, je suis capable de travailler assez bien. C'est sûr que j'essaie de ne pas avoir besoin de correcteur, de personnes qu'avec moi, simplement parce que j'aime mieux corriger mes propres copies seul. J'aime mieux corriger et les trucs de mes étudiants seuls. Par contre, j'ai accès à ça, donc j’ai accès à des correcteurs, j'ai accès à des gens qui peuvent faire des corrections, faire des rédactions pour moi si j'en ai besoin. Mais je le trouve parfois plus compliqué de faire appel à ces gens-là que de le faire seul. Parce que ça sort de ma tête, et donc, si je veux que ça soit fait de la façon dont moi je veux, des fois, c'est plus facile. Par contre, bon, j'ai quand même, comme je disais toute à l’heure, c'est quand même une équipe de gens autour de moi, j'ai quand même des gens à qui je fais extrêmement confiance, qui connaissent ma façon de travailler, qui peuvent venir à la rescousse à un moment ou à un autre pour m'aider si j'en ai besoin.
Isabelle: [00:50:42] Et utilisez-vous des outils pour taper à l'ordinateur?
Elisanne: [00:50:45] Non. Je tape normalement le clavier, bien que j'imagine que je tape un peu moins vite qu’une secrétaire. Mais je tape quand même plus rapidement que la moyenne des gens parce que j'étais habitué à toute ma vie à taper et donc j'arrive à taper de façon assez rapide. Bien que je ne tape pas de façon conventionnelle, donc je n'utilise pas toutes mes doigts.
Isabelle: [00:51:15] Avec tout ça [rire], voyez-vous des changements positifs dans notre société?
Elisanne: [00:51:21] Ben écoutez, ça change, ça change, ça change doucement, ça change trop peu, mais ça change. Je fais de la suppléance dans les écoles primaires et secondaires à l'occasion et je vois des élèves en situation de handicap ou en situation de difficulté d'apprentissage dans les classes qui ont beaucoup plus d'adaptations que ce que moi, j'avais. Des enfants avec des ordinateurs pour différentes raisons, j'en vois quatre, cinq, six par class parfois. Moi, me mettre un ordinateur dans une classe à l'époque, c'était impossible. Maintenant, il y en a six qui travaillent sur des clés USB et tout, et ça semble fonctionner. Donc l’inclusion au niveau des écoles est mieux, l’inclusion au niveau des lieux de travail est meilleure. Ça avance à petits pas. Mais à chaque fois qu’un lieu travail… qu'il décide de s'adapter, on fait un pas. Mais il y a encore trop peu de choses qui sont fait. Il y a encore trop peu d'endroits qui sont adaptés. Il y a encore surtout trop peu de personnes en situation de handicap qui sont engagés. Il y a une grande majorité de personnes de situations de handicap qui sont obligés d'être sur les programmes gouvernementaux d'aide à la subsistance parce qu'ils trouvent pas d'emploi alors qu'ils ont des capacités. Et ça… la majorité du problème pour moi est là. C'est qu'en cachant ces gens-là dans leur maison et en les laissant
vivre sur des programmes gouvernementaux, non seulement ces gens-là, au niveau de leur santé mentale et physique, ce n'est pas bon, mais en laissant ces gens-là à l'extérieur des lieux de travail, à l'extérieur des lieux publics, on ne force pas les lieux de travail à s'adapter. Le jour où ces gens-là vont être dans les milieux de travail et qu'on va devoir faire des adaptations parce qu'ils ne sont pas capables de passer une porte, qu’ils ne sont pas capables d'entrer sur leur lieu de travail, ces jours-là, tout à coup, on va commencer à construire des adaptations pour ces gens-là. Mais c'est plus facile de laisser ces gens-là à la maison. Donc il y a beaucoup de travail à faire pour ça et pour inclure ces gens-là. Et quand ces gens-là auront été réellement inclus, ben au niveau d'adaptation des bâtiments, ça va être renforcé.
Elisanne: [00:53:58] Je sais aussi qu'en France, par exemple, les gens ont une obligation de quota au niveau des gens en situation de handicap. Donc les personnes et les entrepreneurs sont obligés d'accueillir des gens en situation de handicap de toute sorte dans leur environnement de travail, dans leur entreprise. Donc, c'est une des choses à laquelle on peut réfléchir au Canada. Non seulement d'avoir des politiques qui ne veulent rien dire, mais d'avoir des quotas d'obligations. C'est malheureux d'en arriver là, mais en même temps, en arrivant là et en mettant ces gens-là sur des lieux de travail, éventuellement, les travails vont s'adapter parce qu'ils n'auront pas le choix. Si leurs employés ne sont pas capables d'entrer par la porte principale, il va falloir trouver une façon de les faire entrer.
Chloë: [00:54:50] Finalement, quels conseils donnerez-vous à une jeune personne en situation de handicap qui veut lancer sa carrière?
Elisanne: [00:54:57] D'abord, bonne chance [rire]. Deuxièmement… mais je pense qu'il faut avoir de la persévérance. C'est clair, mais je pense qu'il faut avoir de la persévérance. Il faut aller cogner à plusieurs portes. Il faut être capable de montrer nos compétences, à être capable de montrer en quoi on a des compétences qui sont différentes des autres. Donc, oui, peut être que je travaille moins rapidement de quelque’un d’autre, mais j'ai une capacité au niveau de service à la clientèle, par exemple, j'ai plus de sensibilité aux gens, j'ai plus de sensibilité à leurs problèmes. Je suis quelqu'un qui a plus… qui a de l'expérience, qui est autre, je suis quelqu'un qui a de l'expérience en adaptation. Je suis quelqu'un qui a des expériences avec toutes sortes de difficultés humaines parce que je les ai moi-même vécu. Donc, je suis un plus-value pour votre entreprise, et c’est sur ça qu'il faut jouer en fait. Il ne faut pas se décourager, il faut jouer sur ses forces. Il faut dire en quoi avoir une personne en situation de handicap sur votre lieu de travail est un plus pour vous. Et c’est un plus. C'est un plus au niveau de l’image de l’entreprise, des capacités de ces gens-là, qui sont des capacités qui sont différentes des autres, de leur sensibilité aux différences, à leur sensibilité… souvent, c'est des gens qui travaillent très, très bien, sont très méticuleux. Donc, il faut mettre de l'avant. Je ne suis pas comme tout le monde, mais j'ai des qualités et des compétences que les autres n'ont pas.
Isabelle: [00:56:36] Et pour conclure, voulez-vous ajouter un dernier mot avant qu'on termine?
Elisanne: [00:56:41] Mais non, on a fait le tour, je pense qu'on a fait le tour des problématiques. Puis je pense que les projets comme le vôtre et bien d'autres font avancer les choses puisque que ça, c'est une bonne chose d’en parler. Puis, d’être… ben, de sortir des sentiers battus pour ce type de projet-là, qui sont, je le sais parce que je fais partie de la communauté universitaire, qui sont difficiles à faire subventionner, qui sont difficiles à faire prendre au sérieux, mais qui sont absolument essentiels, je pense, parce que de parlez de l'armée, de l'armée, de la guerre nationaliste, de ces beaux sujets, c'est super. Mais il faut aussi parler de sujets qui sont moins sexy, mais qui sont qui sont tout à fait importants. Donc, je suis tout content d'avoir pu participer, puis d'avoir pu vous aider dans ce projet-là.
Chloë: [00:57:41] Merci pour votre temps et pour votre avis.
Isabelle: [00:57:44] Merci Elisanne! Oui, c'était super intéressant.
[musique]
Isabelle: [00:57:58] Merci de votre attention. Nous espérons que vous avez aimé cet épisode de Broadcastability. Vous pouvez nous trouver sur Internet à leprojetproud.ca. Vous pouvez également nous rejoindre sur Facebook, Instagram, LinkedIn et YouTube.
[musique]
Isabelle: [00:58:23] Le balado Broadcastability est réalisé par le projet PROUD à Scarborough College à l'Université de Toronto et Timbres de Pâques Canada. La musique a été composée par Justin Laurie, l'art de couverture du balado et a été créé par Isabelle Avakumovic-Pointon. L’épisode fut également édité par Isabelle Avakumovic-Pointon.
[musique]
Chloë: [00:58:54] Nous remercions Scarborough College à l'Université de Toronto et notre partenaire pour ce balado Timbre de Pâques Canada pour leur aide. Nous tenons également à remercier nos partenaires financiers, le Conseil des recherches en sciences humaines du Canada, The Centre for Global Disability Studies, TechNation et The Catherine and Frederik Eaton Charitable Foundation.
English:
Elisanne: [00:00:00] It becomes a job, unfortunately, to educate people on these issues. And it isn’t part of my academic expertise. But it becomes a subject of personal expertise, and I get asked to educate people.
Isabelle: [00:00:26] Welcome to Broadcastability, a podcast by for and about workers with disabilities in the workplace. This podcast is part of the Proud Project at the University of Toronto. You can find out more about the Proud Project on our website: theproudproject.ca.
[music]
Isabelle: [00:00:49] This podcast was recorded and produced on the traditional ancestral territories of the Huron-Wendat, the Seneca, and the Mississaugas of the Credit River. We would also like to acknowledge the other Indigenous lands across Turtle Island, where we conduct our research and record this podcast, Miigwech
[music]
Chloë: [00:01:16] Hello, my name is Chloë Atkins. I have a disability and I am a political-science professor and the lead investigator of the PROUD project.
Isabelle: [00:01:28] Hello, my name is Isabelle and I am a master’s student at the University of Toronto. I also have a disability and my personal experiences led me to this project.
[music]
Isabelle: [00:01:44] Today, we are meeting Elisanne Pellerin. She is doing her PhD at the University of Quebec, in Montreal, and she will be talking about her academic and professional journey.
Chloë: [00:01:55] Yes, it’s a particularly interesting interview for me, since, like Elisanne, I am a disabled woman in the academia and a researcher in political sciences. Therefore, we have been through similar experiences.
Isabelle: [00:02:13] And on top of that, she has good advice for students like me, who are contemplating an academic career. She also makes some specific suggestions to governments and employers who want to offer workplaces that are more accessible.
Chloë: [00:02:28] Absolutely. I am looking forward to sharing Elisanne’s wisdom with our listeners. Lastly, I find it pretty charming to hear her parrots singing and her service dog moving in the background of our conversation [laughs].
[music]
Isabelle: [00:02:51] Hello Elisanne and welcome. To start, could you tell us a bit about your childhood and your primary education?
Elisanne: [00:03:01] So I have two siblings, and I am the youngest child. I have two older brothers who are neurotypical, so they don’t have any disabilities. I was born with cerebral palsy. I did all my primary and secondary school years in regular schools, in non-adapted schools, despise the fact that it was sometimes a bit harder for my parents, and to adapt to it, because I wasn’t always welcome in those… Not by the schools or their staff, but by the school board. On that side, they didn’t want me there. They would rather have put me in a specialized school.
On the other hand, where I come from, in the countryside, specialized schools for people with only a physical disability didn’t exist. So I would have had to go to school with kids who had intellectual deficiencies. But my mother always refused because it wouldn’t have gotten me a high school diploma. And obviously, it would have been harder later on without a high school diploma. So it was somewhat of a battle to keep me in a regular school. However, teachers and directors of those schools were very, very kind to me and were super accommodating.
Elisanne: [00:04:32] So, personally, I had a good experience, since I was always welcomed where I was. The teachers were always nice, despite difficulties happening higher up, so at the school board level, where it was much harder. At least my parents took care of that side of things. So, on my end, I was welcomed and I had a pretty happy childhood, without too many problems. I was accepted, and my family didn’t make a big deal of my disability, neither did my relatives. It was going well.
Chloë: [00:05:14] Where were you born?
Elisanne: [00:05:15] Well, I was born in Montreal, because I was born à Sainte-Justine, the hospital. But I am from Sainte-Agathe-des-Monts, a town north of Montreal, close to Mont-Tremblant. It’s a little town, and they weren’t used to students with special needs at the time. So someone like me, even if I was pretty self-sufficient, someone like me was considered an extremely difficult case in non-specialized schools.
Chloë: [00:05:47] Did anyone help you, people who would make sure that the environment was accessible?
Elisanne: [00:05:57] Yes, as I was saying, I have always had allies around and always had people who believed in me despite the fact that others really didn’t. And those people, for example, when I was in primary school and the school board didn’t want me in a regular school, one of the things they tried to do was to say that I wouldn’t be able to follow the program in a regular classroom because I didn’t have a laptop. And that I should go to a specialized school because I didn’t have access to a laptop. Then the school director took her own laptop, came into the classroom and gave to me, then said, “There, she has a laptop. She can stay now.”
Chloë: [00:06:52] This is a really important story. It shows our listeners that it is really easy to prioritize accessibility. It also shows how much small accessibility actions affect the life of someone with disabilities. Do you have any other anecdotes?
Elisanne: [00:07:15] Yes, my whole life I had access to… Mostly from teachers and the directions, who were so kind and inclusive. I remember a music teacher. In high school, we had to learn the guitar. I am quadriplegic. Playing guitar is not easy for me. I tried, I always tried, but I never really succeeded, or pretty badly. It was difficult, even if he gave me good grades because I tried hard. But we tried to play together, for example, my guitar and I were ruining the harmony because I couldn’t play properly. And so the professor took the guitar away and gave me a triangle so I could just hit the triangle. And then we could reach harmony. It was a joke with the teacher to take my guitar and give me a triangle because that was all I was able to do.
But you know, I have another anecdote about this. Playing the guitar wasn’t a life goal of mine. I didn’t need it, even if I liked it and I was trying to play. But when I was unable to play in harmony, I was disturbing everyone. I got the triangle because I could manage that. And so, it was really… It’s a lot of challenges like this. The teachers helped me and gave me more time when I needed it, adaptation measures, which, at the time, weren’t really done well yet. Some teachers would use their breaks to stay with me while I was finishing an exam, to give me more time to finish homework, to do something I wasn’t able to do like everyone else. These people were spending their personal time with me, and found solutions to every problem. They were creative to find solutions because they knew that if we didn’t figure it out, I was going to get kicked out of school. So all the teachers gave a lot. The teachers liked me. Thank God, contact was easy for me because they found all kinds of solutions to make it seem like I fit the government’s criteria and I stayed in regular classrooms.
Isabelle: [00:09:57] Could you tell us a little bit about your first experience working? How did you get your first job? Was it difficult, since you were a young person with disabilities?
Elisanne: [00:10:12] My first job was at the soccer club here in Sainte-Agathe, in my home town. I should mention that my parents managed the club, so they gave me a job. It was relatively easy, since my parents were the managers. And I was at the snack stand, so I was giving out chips and snacks that people were buying. It was pretty easy.
Later on, my real… My first official job, I was at the front desk in a campground when I was in grade 11. I got this job through an inclusive program for people with disabilities, through some government programs that pay part of the salary of the person with disabilities. It went well. It was pretty simple for me. It was a reception position—working with computers, so it went pretty well. And the people there… It’s a volunteer program so the people there were happy to have me and to save part of my pay.
While on my end, I was performing at 100 percent. I didn’t need to… I didn’t have any problems to do was I was asked to do, because it was quite simple for me, since I have all of my intellectual abilities. So I was performing at 100 percent, for part of the pay, and they were really happy about that. And yeah, that’s the thing. The government was giving me the rest of the pay, so I was fully paid for my work. Everyone was happy about it. And it went well. I stayed the whole summer after grade 11, then I went to CÉGEP.
Isabelle: [00:12:19] You mentioned your time at CÉGEP, which brings me to a question about your academic career. Why did you decide to start a PhD and an academic career?
Elisanne: [00:12:32] Actually, after high school, I went to CÉGEP for theater, at the Lionel-Giroux College. I got a College Diploma in theater because I wanted to become a stage director at the time. So I got a college diploma in theater then I changed my mind because… well, I probably wanted to fulfill expectations people had towards me. And I went for something more intellectual.
But I didn’t really know what to do. I applied for Law school. I applied in political sciences. And I decided to do political sciences because Law school was… After some conversations, the Law disillusioned me. I didn’t necessarily want to defend causes which didn’t align with my values. So at the time, as a young student, I went and started political sciences because it aligned better with my values. I left for the Laurentides, north of Montreal, around Sherbrooke, which is 3 hours away from home. I finished my bachelor and my master’s degrees at the University of Sherbrooke in political sciences.
Elisanne: [00:14:04] My goal with all of this was to become a university professor and teach. I love teaching, but I wouldn’t be able to teach kids. I don’t have the patience. It isn’t… I don’t have the patience or the pedagogy to do it. So I thought I am going to teach adults. It would be easier for me. To teach adults, it would take a PhD, or a postdoc.
So I came back to UQAM later on because they pretty much only offered a PhD in Montreal, Quebec. So I came back to UQAM to finish, well to do this PhD that I am about to finish. And I will look at a postdoc. I don’t know where I could get in, but I probably will have to move again for my postdoc. You know how it goes. Postdocs are really hard to get into, so I will go wherever in the world to reach a post-doctorate in the next year or the next 2 years, depending on when I am able to defend my thesis.
Chloë: [00:15:23] What is your thesis about? Could you explain?
Elisanne: [00:15:27] It is about cultural and communal activities as an emancipation vector against racism. It is really about knowing how cultural activities in community centers could help people who are experiencing racism. How it could help them emancipate, how it could help them in their integration into Quebec’s society, or in Canada. But here in Quebec, we have a particular challenge with immigrant people’s integration. It is creating a lot of problems in Quebec. We aren’t really good at integration, so there really is a problem with… There is a lot of racism in Quebec.
So it was something I was really interested in, and I started before George Floyd’s story and Black Lives Matter. But it worked out well because it was really relevant. And it is even more present in the news today.
Chloë: [00:16:42] How did you choose this subject?
Elisanne: [00:16:46] Well, actually… I think that, at first, I am an avenger. I am an avenger, so I was interested in political sciences to try to make a change, to be able to do something valid, that would actually help society in a practical way. And everyone was expecting that I would work on projects about disability, since I had a disability myself. And I didn’t want to fall into that stereotype.
Chloë: [00:17:22] I fell into that stereotype, but… [laughs]
Elisanne: [00:17:26] And that is totally fine. You know, I am getting back into it as well. For a long time, I wasn’t really involved with people with disabilities because I was resistant to it. And as you can see, I am now involved in different… including your project, but others as well, I am… I am coming back to defending this kind of problem. But yeah, I was looking for a problematic that was just as… That was just as valid, that was relevant, but wasn’t linked to disability.
And since I was in Quebec at the time, racism was so present so I thought that it was a relevant subject to work on. It took a long time to find my thesis subject. I tried different ones. I changed my subject many times, and when I got this idea, I thought I was in the right place. It was really about being able to help and do my part in order to help someone. And also because it was so interesting to me, much more than subjects that were more academic, subjects that were easily accessible but really didn’t interest me.
Chloë: [00:19:01] I am a researcher myself, and as you know, we have 3 professional requirements: research, teaching and community service. Does your disability influence the way you fulfill your requirements?
Elisanne: [00:19:23] Being a PhD student, and almost done with my PhD now, my thesis is almost finished.
Chloë: [00:19:31] Congratulations!
Elisanne: [00:19:32] I have already started… Thank you!
Isabelle: [00:19:37] Congratulations! Thesis are so hard.
Elisanne: [00:19:39] Yes, it is hard [laughs]. Yes, it is hard and you don’t expect it. Thank God, we don’t expect it otherwise we wouldn’t do it. But yes, so I started teaching. I also started attending scientific symposiums. I started the research. I am a researcher as well. I have some research contracts. As you know, during a thesis, you don’t get to choose to do it or not. So I started everything already and I think that will be my life for a while, at least. But I am managing.
I think that I have learned to listen to my limits better, while earlier on, I didn’t listen to my limits. I finished my bachelor’s degree in 18 months instead of… well, actually, in 17 months, so I worked extremely hard. At some point, I couldn’t sleep and my mental health took a toll. So I learned to listen to my limits better, to take breaks when I need to and to cancel a work day if I am not feeling well. As I got older, I learned those skills.
I also learned to ask for help when I need it, whereas I used to refuse any adaptation or help out of pride. Today, I don’t need much help. I try to do things my own way, but still, when I need some help, I ask for it, which I didn’t use to.
Elisanne: [00:21:15] Teaching is easy for me. I think I am a teacher deep down. I am a professor deep down. It’s what I like to do. I love it. Research is more difficult. I wouldn’t say I identify as a researcher. I didn’t know much about it when I started, but I developed a taste for it, a taste for some projects, at least projects similar to yours, community-based projects, projects that help people in a practical way. I love doing it, even if it requires some intellectual effort. It requires writing, it requires some office work, which isn’t quite my biggest strength. I like to see the results and I focus on the results of those projects. I love being part of it.
Symposiums and all of that usually go well. There are always challenges. But people are quite receptive to my dog and they offer help when I need it. Which brings me to your second question. I think that people, when they see a dog, they are always a bit surprised. Sometimes, more so in other countries, but sometimes in Quebec as well, people look down upon me. They judge and say, “You can’t be a professor. You’re probably in the wrong classroom. You can’t be the professor.’ And I haver to answer that, actually, yes, I am the professor. So attitudes are still present, I think.
You probably experienced it yourself, being judged because you have a disability. I think we need to work harder than neurotypical people to get to the same point. We have to prove ourselves constantly, so much more than others do. And even more when you are a woman. You and I are women. We are female professors in a typically masculine environment, and on top of that with a disability.
I have had to prove my abilities multiple times because I wasn’t taken seriously. And that takes so much energy. On the other hand, students are usually… Except a couple people who look down upon you, who don’t know, who want to play smarter than you. But most of the students are receptive. They like the dog. My dogs are beautiful. So I think the dog usually facilitates interactions.
Elisanne: [00:24:08] It really helps to introduce the dog. I make a few jokes, I introduce myself, a few more jokes and people start to understand that, despite the fact that you have a disability, you are competent. And if they aren’t comfortable with that, they can leave. They switch classes. But most of the students stay in my class, because I am pretty funny. I like to joke around. I think I am a pretty good professor. I listen to my students. I am really receptive to their particular needs. I am receptive to their rights, my students’ rights. So I think I am doing a good job, roughly speaking, and students appreciate it because I am pretty receptive compared to other professors. I always try to be extremely accessible and to tell those students I understand what they are going through because I experienced it myself.
Chloë: [00:25:40] What about your coworkers? What is their reaction?
Elisanne: [00:25:43] With coworkers, as you know, it is much more difficult. I think that, in academia, there is a certain social status; people usually have a lot of money. They have always been, the majority of them at least has always had it easy. People who can learn easily, really intelligent people. People who come from wealthy families. So those people tend to want to preserve a certain aura around the university and have people around who fit some standards that I don’t fit in. You need… For them, it’s an elitist environment and I don’t fit those standards.
So at first, you get looks, you get little comments here and there. It’s harder to get a teaching load. It is harder to get there. It’s also a typically masculine environment. So that makes it harder with coworkers. Now, thank God, there are always some coworkers and professors and directors who offer support, who believe in you and will help you reach your goals. So I have always had one or two people, three or four, who were really supportive, who helped me to manage their classes. And a few colleagues who broke down barriers for me, who helped me so much. That counterbalanced the people who didn’t help at all.
Chloë: [00:27:55] It’s a strategy for you.
Elisanne: [00:27:57] Yes!
Chloë: [00:27:57] To have those people around. I do the same thing.
Elisanne: [00:28:01] Oh, you need to! We need to find people who are on our side. You need to find students who will become professors and work with us, colleagues who will help in different ways, even in the background, try to help. It becomes a strategy.
Chloë: [00:28:25] I understand. Actually, the PROUD project is rooted in my experiences of discrimination in academia. I have an episodic disability. Sometimes I use a wheelchair and sometimes I don’t. There was a university who refused my application for a job because of my disability. I applied and was invited to an interview. But when they discovered that I had a disability, they canceled the interview and I got a rejection letter. But someone from the hiring department called me and told me, “You need to change your recommendation letters. It’s important that none of the letters mention your disability.” So I asked my references to edit their letters and later on, the same university offered me a job. So I understand that discrimination is a big problem for someone with a visible disability.
Elisanne: [00:29:41] Yes, well, it’s really subtle. People won’t come and tell you that you won’t have access to certain positions because you have a disability or you are a person of color. That is not how it works. It’s… At first sight, people appear very open. We have inclusion policies at the university. But enforcing those policies is extremely difficult, because there will always be a reason to reject my application without having to say that it is because of my disability. There will always be a reason to be much more strict with me than someone else, without having to say that it is because of my disability. So it’s very subtle. And yes, it becomes a battle.
Thank God, in political sciences and in other places, but in political sciences as well, there are people who adhere to left-wing ideas, revolutionary ideas, and integrative currents. And those people, those people in particular, are open to these kinds of problematics and will offer help. They sometimes make it a personal battle to try and help you, and succeed in breaking down barriers for us. Thankfully, there are very progressive people in these places. Of course, the majority isn’t progressive. And for most people, popular subjects aren’t progressive subjects. It’s about nationalism, wars, the army and all of that, the economy.
Elisanne: [00:31:36] So those people… I think progression is valued anyways by the university, but there is still so much work to do. Thank God, I think that people like you Chloë, like me, every day, are capable of making some changes. And one at the time, we can get somewhere. But there is a lot of work to do, and unfortunately, it’s not our job to educate the university on discrimination questions. But because we are what we are and we were born with a disability, we were born into a racial situation or whatever, it becomes our job to do it. And it becomes a job, unfortunately, to educate people on these problems. And it isn’t part of my academic expertise. But it becomes a subject of personal expertise, and I get asked to educate people.
Chloë: [00:32:46] I am a specialist in political sciences like you, and we focus on questions about power and political systems. A lot of my colleagues focus on social justice, diversity and inclusion. However, ironically, I find that most of my colleagues do not consider disability as a forefront issue. Our research with the PROUD project also shows that disability is a secondary consideration when we talk to employers about inclusive work places.
Isabelle: [00:33:31]
Obviously, the university isn’t a model of an inclusive workplace. But have you ever had experiences in the workplace that were actually inclusive?
Elisanne: [00:33:42]
It is a difficult question, since I have worked for places that were theoretically inclusive, but there were always coworkers, employers who were working against me, everywhere I have been. I don’t think there was ever a time when I didn’t feel that way from one or another person working with me. So for me, a totally inclusive workplace would be a place where there is no bias against disability and someone’s situation. That is where you actually have an inclusive workplace. However, I think it’s an idealistic idea because there will always be someone who has something to say about you.
And in my opinion… I am also someone, to follow up with what you were saying Chloë, I am someone who had a privileged life for a few different reasons. One of them being my character. I made it to post-secondary education. I managed to access good salaries, which means that it is easy, or doable, for me to pay for my medication, to pay for my things, to work less, to have access to good jobs. For most people, it isn’t doable to do a PhD, to work for a university with the pay we know. They are forced to work for a lower pay, or most of the time, they can’t even work at all because they can’t find a job that fits their needs.
Elisanne: [00:35:40] They end up in poverty, sustaining their needs on governmental programs who barely pay. And these people end up in poverty. I am one of the rare exceptions who doesn’t need the last resort financial assistance, which we call welfare in Quebec. But in Quebec, if you are on welfare, you get about $500, a little bit over $500 a month. It isn’t much, so these people will end up in poverty for their whole life.
In my case, since I managed to have a post-secondary education, I can get a reasonable salary and I can manage pretty much everywhere. Even if some places aren’t actually inclusive workplaces. I can manage, but I am lucky I can. I am lucky that I was able to overcome my disability. I was able to gain some physical abilities that weren’t in the cards for me at first. My character is what keeps me upright. I had the intellectual capacities to start a PhD. But yeah, it’s been… That’s it.
Isabelle: [00:37:14] Are there any measures that the government or organizations should take to ensure the inclusion of people with disabilities in the workplace?
Elisanne: [00:37:24] I believe that governmental measures need to be updated to ensure actual practical policies and avoid easily eluded ones. And I think that to get there, they need to listen to people with disabilities. They need to stop asking expensive engineers what to do, and start asking people with disabilities what they should work on. I have seen engineered jobs that weren’t accessible, even if they tried to make it accessible. I have seen access ramps that were so steep that you would fall backwards with your wheelchair. I have seen doors open on a ramp where you’d fall because the door would open up towards you.
I have seen all kinds of things made by engineers, but an engineer, even if he means well, if he doesn’t consult people, he won’t be able to think of everything. Because it is difficult for someone who has two working legs to understand what other people need.
So I think they need to ask the population and say, “please, explain what are your issues with the programs? What are your issues with the adaptations? And how can we help you with this? Come and test our programs, come and test our workplaces. Come and tell us what doesn’t work.”
Elisanne: [00:38:52] That can happen with occupational therapists and other professionals. It’s happening a little bit here in Quebec but it isn’t enough. Of course, some laws are completely ignored. For example, in Quebec, there is a law from the ’70s, so 50 years ago, saying that every new building must be accessible. It’s just theoretical because, practically, no one is forced to do it and no one gets fines or tickets if they don’t. The people who agree to do it can do it, it and the ones who don’t usually have a financial reason.
Isabelle: [00:39:52] So the law isn’t enforced?
Elisanne: [00:39:54] No, the law isn’t actually enforced. Here in Quebec, the law isn’t enforced at all. Not at all. So it relies on how willing you are, because the ones who don’t follow the law don’t have any consequences. We need to modify those laws and really enforce them. And we also need to ask people with disabilities what they need, since they are the best person to tell us if an entrance is accessible or not. For an engineer it could be very accessible, but he never sat in a wheelchair to try to get through.
Chloë: [00:40:39] Speaking of governmental measures, you have talked about the program, which contributed to your pay when you were working at the summer camp. Have you benefited from other programs in your career, and generally speaking, could you tell us more about the financial aspect of your career?
Elisanne: [00:41:04] Here in Quebec, we have an education grant program for people with… Well, for everyone, actually. But it is a bit better, it provides more money to people with disabilities. So, that’s pretty much how I paid for my education until recently, when I started working more to pay for my studies. I had access to that government grant program when I was in university.
I have also had access to technical tools programs, of course, so programs who can provide wheelchairs, for example, all of that. My whole life, I had access to wheelchair programs, which provide different transportation devices. You can’t get them all. It’s one or another.
In my case, I have a manual wheelchair that was paid for and I get an allowance for my service dog, to pay for the dog food, all of that. It doesn’t cover everything for the dog, but still. It went up in the last few years, so it’s much better than it used to be. Because having a dog is expensive, so it’s mainly programs… In Quebec we have pretty good programs for this, even if accessing those programs can be difficult for different reasons.
But we don’t have to pay for this kind of thing in Quebec. We don’t have to pay to go see a specialist either. We don’t have to pay for some of the car adaptations either. So the programs are quite generous, even if, like I said, there are always problems and administrative issues to access those programs. You know how it goes.
But on my end, I didn’t have to pay for most of my accommodations, except for my four wheeled scooter lately, because I could either get a dog or a scooter. But because my dog died and I didn’t know when I would be able to get another dog, I paid for the scooter. But it ended up going on my work insurance. So I didn’t end up paying for it. But someone without private insurance would have to pay for one thing or another if they want to have multiple accommodations.
Chloë: [00:43:45] Do you get a disability pension at the moment? Or have you thought about that possibility for the future?
Elisanne: [00:43:58] Of course, you think about it. You know it, we think about those things a lot. At the moment, I don’t need it because I am able to work. I have been able to be financially independent thanks to the grants, all of that. Thank God, with my diploma, I will have a decent salary even if I don’t work full-time right now because I am finishing my thesis. I have access to a decent salary that I can live on.
Long term, I don’t know what I’ll do. Will I be able to be a full-time professor, for example? Possibly at some point, before I get too tired. But my disease makes me less and less strong. Eventually, I might need to slow down. Now it’s fine, although I have never tried to actually work full-time. Here in Quebec, full-time is 40 hours. I have never tried working 40 hours a week. But thank God, where I am at with my studies, my pay is enough and I don’t need to work 40 hours a week. So that’s good news. Long term, I might need it because I might need to cut my hours down. I’ll see, it is an evolving question for me.
Isabelle: [00:45:46]
While we talk about changes, do your adaptation needs change? Especially for housing, has it changed over the years?
Elisanne: [00:45:56] My housing is accessible, for sure, as I have always needed housing without too many steps, ideally no stairs at all. I can go up the stairs with a ramp, but to fit my wheelchair in, to fit my scooter up the stairs, I can’t do it by myself. It was easier to have an accessible place without stairs while I was in Montreal. I only lived in accessible apartments without stairs when I came back to Sainte-Agathe and when I was studying in Sherbrooke.
Isabelle: [00:46:42] Is there a difference in cost between an accessible apartment and a non-adapted one?
Elisanne: [00:46:49] For sure, it costs more. I was lucky and I had a network. In Montreal, I went to a housing cooperative, an accessible cooperative. Since it was a cooperative, it was cheaper. This way, I bought a condo and I was able to negotiate. But most apartments everywhere are more expensive if they are accessible.
Chloë: [00:47:22] How do you get around? Do you take the subway or do you have a car? Or…?
Elisanne: [00:47:29] In Montreal, I didn’t have a car. Having a car in Montreal is more complicated than not having one. So in Montreal I used paratransit. But paratransit is extremely complex. The transport network in Montreal, pardon me, but it is absolutely horrible. It is a terrible service.
Chloë: [00:47:54] I think it’s the same in every city in Canada.
Elisanne: [00:47:57] That’s what I have been told. It’s absolutely horrible. To the point that the service in Sherbrooke was much better. I have to admit the service in Sherbrooke was much better. Services in Montreal just don’t work. But having a car in Montreal is really complex for me in terms of snow removal, parking and all of that. It was really difficult. So I didn’t have a car. I would take paratransit, taxis, or the subway when I had my service dog.
When my service dog died, I went two years without a service dog and the subway wasn’t possible anymore. If I don’t have any assistance to walk, it is really difficult. So, taxis, friends and paratransit when it was working, meaning not very often. Here in Sainte-Agathe, I have a car. I bought my condo. It’s a small town, as I was saying earlier. There is a paratransit service, but it is limited, which is difficult. Here in Sainte-Agathe, I use my car. And I have learned to drive around Montreal in the last few weeks.
Isabelle: [00:49:10] On this subject, what accommodations do you need at work?
Elisanne: [00:49:14] In my case, I don’t need any particular accommodations at work. I just need the place to be accessible in a wheelchair. So… Of course, I need to work on a computer. I can’t handwrite for very long, not much more than a grocery list. So I need to work on a computer. But for everything else, I can manage pretty well.
I tried not to need a proofreader or anyone else, simply because I prefer to mark my copies myself. I prefer to mark my students’ papers myself. But I have access to a proofreader if I need one. I have access to people who can help me mark copies and write reports for me if I need it. But sometimes I find asking for help more complicated than doing it myself. I can lose my train of thoughts, so if I want it executed my way, I’d rather do it myself. It’s easier. However, I still have, as I was saying, I still have a team around me. I have a team of people I can trust who know how I do things and can come and help here and there when I need it.
Isabelle: [00:50:42]
Do you use any tools to type on a computer?
Elisanne: [00:50:45]
No. I can type on a keyboard, but I am not as fast as a secretary. I am faster than the average person because I have been typing my whole life. So I can type pretty fast, even if I don’t type the conventional way, meaning I don’t use all of my fingers.
Isabelle: [00:51:15]
With all of this [laughs], do you notice any potential changes in our society?
Elisanne: [00:51:21]
Well, listen, it is changing. It is slowly evolving. It isn’t changing enough, but it is changing. Occasionally, I work as a substitute teacher in primary and secondary schools and I see some kids with disabilities or learning disabilities in classrooms who have access to more adaptations than I did. I see 5 or 5 kids per class with computers for different reasons. It used to be impossible to give me a computer back then. And now there are 6 kids working on USB keys, and it seems to be working fine. So I would say schools seem to be more inclusive.
Inclusivity in the workplace seems to be better. Small steps. But every time a workplace decides to become accessible, we take a step in the right direction. But it is not enough. There aren’t enough accessible places. We don’t hire enough workers with disabilities. Most people with disabilities have to be on governmental financial support because they can’t find a job even if they are qualified.
And that is most of the problem for me. When you hide those people at home, when you let them live on financial support programs, their mental and physical health degrades. And when you keep them out of the workplace and out of public places, we don’t push the workplaces to adapt. The day those people are in the workplace and they aren’t able to go through a door to get in, that day all of a sudden, we will have to make it accessible. But it is easier to keep them at home. So there is a lot of work to be done to include those people. And when that actually happens, it will be necessary to make more buildings accessible.
Elisanne: [00:53:58]
I know that in France, for example, companies have to follow a quota and hire people with disabilities. People and entrepreneurs are required to welcome people with all kinds of disabilities into their companies. It is something we could think about in Canada. Not just have meaningless policies, but actually having quotas. It is sad to get there, but at the same time, when you get there and have those people in the workplace, the companies are going to have to adjust eventually. They won’t have a choice. If their employees can’t get into the building, they are going to need to figure it out.
Chloë: [00:54:50]
Finally, do you have any advice for a young person with a disability who wants to start their career?
Elisanne: [00:54:57]
First of all, good luck [laughs]. Secondly… I think you need determination. It’s obvious, but you need determination. You need to knock at a lot of doors. You need to be able to show your qualifications and be able to show how different you are from others. Yes, I might be a bit slower than someone else, but I am really good at customer service, for example. I am more receptive to people and their issues. I am someone who… who has experienced a lot, who is different. I am someone who can adapt. I have experience with a lot of human challenges because I lived through it myself.
So I bring something to your company. And that should be your angle. Don’t get discouraged; bring up your strengths. You need to tell them how someone with a disability adds something to their workplace. And it is added value. It’s added value to the company’s image, those people’s qualifications, which are often different than most people, their sensitivity. Often, those people are excellent workers. They are very thorough. So you need to bring up how different you are from anyone else, with competence and qualities that others lack.
Isabelle: [00:56:36] To conclude, would you like to add anything else?
Elisanne: [00:56:41] I think we covered it all, all the problematics. And I think that projects like yours get things moving. It’s good problem to bring up. And to approach it in a different way. Being in academia, I know that this kind of projects are difficult to fund. It is difficult to be taken seriously but I think they are absolutely essential. We can talk about the army, nationalist wars, all those big subjects, great. But we also need to talk about less sexy subjects that are just as important. I am happy I could participate and help you in this project.
Chloë: [00:57:41] Thank you for your time and your opinion.
Isabelle: [00:57:44] Thank you, Elisanne! It was really interesting.
[music]
Isabelle: [00:57:58]
Thank you for listening. We hope you have enjoyed this episode of Broadcastability. You can find us on the Web at theproudproject.ca and broadcastability.ca. You can also find us on Facebook, Instagram, LinkdIn and YouTube.
[music]
Isabelle: [00:58:23]
Broadcastability is produced by the Proud Project at Scarborough College at the University of Toronto and by Easter Seals Canada. The music in this podcast was composed by Justin Laurie. Isabelle Avakumovic-Pointon created Broadcastability’s cover art. She also edited this episode.
[music]
Chloë: [00:58:54]
We would like to thank the University of Toronto, Scarborough and our podcast partner, Easter Seals Canada, for their help. We would also like to thank our funding partners, the Canada Social Sciences and Humanities Research Council, the Center for Global Disability Studies, TechNation and the Catherine and Frederick Eaton Charitable Foundation.